• Exposition Surréalisme à Beaubourg

    L’exposition « Surréalisme » propose un principe d’itinérance. Elle offre aux visiteurs une entrée immersive via un sas onirique conçu comme une « boîte magique », inspirée de l'imaginaire des surréalistes et des divertissements populaires comme les trains fantômes et les fêtes foraines. Ce dispositif fait référence au cabaret « L’Enfer » cher à André Breton et se trouvait au pied de son domicile, 42 rue Fontaine, à Pigalle, côté boulevard de Clichy. Une fois à l'intérieur, les visiteurs sont guidés dans une exploration du Manifeste du surréalisme (1924) et une large partie de ses recherches. C'est l'exposition du centenaire, tant attendue.


    Exposition Surréalisme à Beaubourg


    La vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement

    André Breton, étudiant en médecine, s'intéresse très tôt à l'étude des rêves. En 1916, lors de son travail au centre neuropsychiatrique de Saint-Dizier, il découvre l'interprétation des rêves dans le cadre des traitements psychanalytiques initiés par Freud. Breton et les surréalistes adaptent ces méthodes pour explorer la création poétique, publiant des « récits de rêve » dans leurs revues. Ils cherchent à fusionner rêve et réalité. Breton s'interroge sur la possibilité d'utiliser ces rêves pour résoudre les grandes questions de la vie. Cette recherche est l'une de celles qui structurent la pensée surréaliste et l'exposition l'illustre avec d'autres thèmes chers aux nombreux adeptes d'un style qui a marqué le XXe siècle par ses nombreuses applications.

    Devant la richesse du sujet et l'abondance des aspects révélés, les commissaires ont retenu plusieurs idées essentielles et les illustrent par des œuvres ou des pièces significatives :

     

    - Entrée des mediums : nom d'un article de Breton paru en 1922, qui rend compte de séances de sommeils hypnotiques et trouvent leurs traduction dans l'écriture automatique ou le cadavre exquis, collages d'objets sans lien apparent.

    Giorgio De Chirico Le chant d’amour 1914. MoMA. New York
    Giorgio De Chirico
    Le chant d’amour
    1914. MoMA. New York


    - Trajectoire du rêve : Soupault, Aragon, Masson, Breton, Eluard cherchent à provoquer chez le lecteur un émerveillement similaire à celui des images rêvées. Ils en provoquent une idée fixe et s’appliquent à confondre le monde réel avec celui du rêve. Ce principe sera premier en peinture chez Dali, Ernst, Duchamp, Remmington, Dora Maar, De Chirico et de nombreux autres...

     

    Salvador Dalí
    Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une pomme-grenade,
    une seconde avant l’éveil
    Vers 1944. Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid

    - Lauréamont : En 1914, la revue Vers et Prose republie Les Chants de Maldoror du comte de Lautréamont. Philippe Soupault le fait découvrir à André Breton et Louis Aragon, créant un mythe littéraire. Les Chants de Maldoror se distinguent par leur rejet de la logique et leur appel à la violence, un écho à la désillusion des jeunes après la Première Guerre mondiale. Lautréamont propose une esthétique du collage, caractérisée par des associations absurdes, comme "la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie".

     

    Simon Hantai. Femelle Miroir II. 1953. Centre Pompidou
    Simon Hantai. Femelle Miroir II. 1953. Centre Pompidou

    Chimères : Dans L'Iliade, Homère décrit la Chimère comme une créature composite, « lion par-devant, serpent par-derrière, chèvre au milieu ». Cette créature fascine les surréalistes par son caractère illogique et son aspect de collage, qui correspond à l'esthétique du mouvement. les surréalistes inventent en 1925 le jeu du cadavre exquis, d'abord avec des mots, puis des images.

     

    Cadavre exquis inventé en 1925 54 rue du château par Duhamel,Tanguy, Prevert, Sadoul
    Cadavre exquis inventé en 1925 54 rue du château par Duhamel,Tanguy, Prévert, Sadoul

    Alice : André Breton voit dans l'enfance une forme de vie authentique, proche de la "vraie vie". Alice, le personnage de Lewis Carroll, devient une figure emblématique du surréalisme, grâce à son association avec l'illogisme, l'humour et la subversion de la réalité.

     

    Dora Maar. Portrait d'Ubu. 1936. Centre Pompidou
    Dora Maar. Portrait d'Ubu. 1936. Centre Pompidou

     -  Monstres politiques : En 1925, les surréalistes s'engagent politiquement en signant un manifeste avec les jeunes communistes. La montée des totalitarismes, omniprésente en Europe dans les années 1930, provoque de fortes tensions entre les membres et des discussions violentes sur la place du politique dans l'Art.

     

    Victor Brauner - Hitler - 1934
    Victor Brauner - Hitler - 1934 - Centre Pompidou

    - Le Royaume des Mères : Ces "Mères" symbolisent des matrices où tout peut se métamorphoser, une idée qui fascine les surréalistes. Elles incarnent l'exploration des formes chez Salvador Dali ou Max Ernst, la naissance du monde et l'origine de l'écriture automatique. Les transformations sans fin sont caractéristiques du surréalisme.

     

    André Masson. La métamorphose des amants. 1938. Coll Simone Collimet
    André Masson. La métamorphose des amants. 1938. Coll Simone Collimet

    -  Mélusine : La légende de Mélusine, créature mi-femme, mi-serpent, marquent les réflexions sur l'après-guerre, époque qui, selon Breton, appelle une réinvention du monde après la destruction causée par la technologie. Breton voit en Mélusine un symbole d'une ère nouvelle, en lien avec les forces élémentaires de la nature. Sa rencontre avec les civilisations amérindiennes renforce son idéal d'une civilisation où nature et humanité seraient en harmonie.

     

    Max Ernst. Capricorne. 1948.1964 Centre Pompidou..
    Max Ernst. Capricorne. 1948.1964 Centre Pompidou.

    Forêts : elle deviennent pour les surréalistes le théâtre du merveilleux, la métaphore du labyrinthe et du parcours initiatique. C’est cette forêt libératrice qui, dans un article de Benjamin Péret, publié dans Minotaure en 1937, prend possession d’une locomotive abandonnée, « dévore le progrès et le dépasse ».

     

    Daphne et Apollon. Meret Oppenheim. 1943. Coll Part.
    Daphne et Apollon. Meret Oppenheim. 1943. Coll Part.

     

    - La pierre philosophale : André Breton souligne une analogie entre les recherches surréalistes et les alchimies. Hermès Trismégiste et Nicolas Flamel sont reconnus comme des figures influentes pour le surréalisme. L'œuvre d'André Breton, ainsi que celles de Michel Leiris et d'autres artistes initiés à l'alchimie, intègre l'occultisme. Ils perçoivent l'alchimie comme une voie unissant connaissance et intuition, science et poésie

     

    Remedios Varo. Creacion de las aves. 1957. Acervo Museo de arte Moderno
    Remedios Varo. Creacion de las aves. 1957. Acervo Museo de Arte Moderno

     

    -  Les larmes d’Éros : L'érotisme au cœur du surréalisme, qualifiant l'« Amour fou » comme une passion pouvant engendrer la folie. Cette vision de l'amour devient un sentiment révolutionnaire, libéré de tous interdits, avec le Marquis de Sade comme figure emblématique. Ce tournant audacieux se confirme lors de la huitième Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme (EROS) de 1959, entièrement dédiée à l'érotisme.

     

    Salvador Dali Visage du grand masturbateur, 1929. Museo Reina Sofia Madrid
    Salvador Dali
    Visage du grand masturbateur, 1929. Museo Reina Sofia Madrid

     

    Cosmos : Le surréalisme s'inspire de la vision médiévale du monde, qui établit une continuité entre le microcosme (le corps humain) et le macrocosme, en opposition à la figure prométhéenne du rationalisme moderne et du positivisme. Les voyages de Breton chez les Hopis, d'Antonin Artaud chez les Tarahumaras ou de Michel Leiris dans l'Afrique fantôme recherchent la relation harmonieuse entre l'homme et la nature. 

     

    Yves Laloy. Sans Titre. 1955.
    Yves Laloy. Sans Titre. 1955.


    Thème astrologique de Robert Desnos par Breton
    Thème astrologique de Robert Desnos par Breton.

    Leonor Fini. Extreme nuit. 1977. Coll Part.
    Leonor Fini. Extreme nuit. 1977. Coll Part.

    Salvador Dali. Objet scatologique à fonctionnement symbolique. Le soulier de Gala.1931. Centre Pompidou
    Salvador Dali. Objet scatologique à fonctionnement symbolique. Le soulier de Gala.1931. Centre Pompidou

    Jacqueline Lamba. derriere le Soleil. 1943. Weinstein Gallery. San Francisco
    Jacqueline Lamba. derrière le Soleil. 1943. Weinstein Gallery. San Francisco

    4 septembre 2024 – 13 janvier 2025 Centre Pompidou - Musée d'Art Moderne - Beaubourg


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