L'exposition couvre plus de 20 siècles d'histoire de l'Art sur le thème de ses rapports complexes avec l'Argent, de l'Antiquité et ses mythes jusqu'à aujourd'hui. Quelques cent-cinquante pièces d’horizons divers, de Simon Vouet et Louis le Nain à Arman et Warhol, en passant par Degas ou Renoir, sont présentées au public dans les salons historiques de l’Hôtel de la Monnaie à Paris, quai de Conti.
Salle de la Monnaie de Paris |
Les principales thématiques de l'exposition :
Mythes et origines de la monnaie :
L’or inspire de nombreux mythes. Objet transcendantal d’échange entre les hommes et les Dieux, de Danaé au Veau d’or, il est omniprésent et sa possession est tout à la fois source de grâces et de malédictions.
Danaé et Zeus sous forme de pluie d'or. Palais des beaux arts. Lille |
C’est aussi avec l’or qu’est créé le premier système monétaire organisé, avec le roi Crésus, ciment des premières structures sociales dont nous sommes encore aujourd’hui les héritiers. Les Métamorphoses d'Ovide racontent la légende du roi Midas qui transformait en Or tout objet qu'il touchait.
Adoration du veau d'or (en réalité Hathor) |
Morale et métiers d'argent :
De l’époque médiévale jusqu’à l’âge moderne, les représentations de la richesse et de la pauvreté dans l’art se font à travers le prisme de la morale religieuse chrétienne. Les artistes représentent changeurs et usuriers, condamnant leur avarice, tout en exaltant le « bon enrichissement » mis au service du bien commun.
L'avarice. Mathias Stomer. Musée de Grenoble |
Les jeux d’argent sont également jugés immoraux, car produisant des richesses indépendamment du travail et du mérite personnel.
Le jeune homme et la vieille. Hendrick Goltzius. Musée de la chartreuse Douai |
Révolution artistique et capitalisme financier :
Pendant la révolution industrielle, qui favorise le développement des marchés boursiers, la littérature et les arts s’emparent de ce nouveau monde peuplé de banquiers et de spéculateurs. Au même moment, l’impressionnisme marque un moment de bascule dans l’histoire de l’art et de son marché, par l’évolution du rapport des artistes et des œuvres à l’argent grâce à des personnalités comme le marchand d’art Paul Durand-Ruel qui fait le pari de l'impressionnisme.
Paul Durand Ruel. Coll Part. |
Que vend l'artiste ? :
Le bouillonnement intellectuel du XXe siècle conduit à des interrogations constantes sur ce que vend réellement un artiste. L’ascendant du capital financier influence la réflexion artistique, et avec le premier ready-made de Duchamp, l’objet n’est plus le centre de la transaction. La signature de l’artiste prime et suscite un autre désir.
Arman, Vénus aux dollars 1970 |
Capital : je t'aime moi non plus :
L’irruption de l’idéologie néolibérale entraîne l’explosion de la spéculation. Les nouveaux investisseurs s’intéressent à l’art contemporain. La relation artiste/argent va alors prendre des formes qui peuvent être radicalement opposées. Certains artistes comme Dalí s’engageant dans un exhibitionnisme décomplexé de l’argent et de la richesse dans l’art, tandis que d’autres se font les dénonciateurs de cette omniprésente immiscion de l’argent dans l’art.
Bernard Venet: Transactions à la bourse d e New York.1969 Venet Foundation |
Art et argent, entre flux et datas :
Avec l’explosion du marché de l’art se pose la question de la valeur pécuniaire de l’art. La naissance des premières plateformes numériques certifiées par la technologie de la blockchain et payables en crypto-monnaies, les NFT, lance une nouvelle économie de l’art qui reproduit les processus des marchés financiers. Les notions d’œuvres et d’artiste deviennent alors de plus en plus floues, alors que le marché établit des prix et des cotes. L'Art peut il être numérique ? l’œuvre peut-elle rester unique ?
Du 30 Mars au 24 Septembre 2023 à la Monnaie de Paris
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