Le musée d’Orsay illustre le bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur (1822-1899) par une importante exposition. Son œuvre, un peu oubliée aujourd'hui, est le fruit d'une cohabitation permanente avec ces animaux qui la fascinent. L'artiste présente aussi une figure de proue de l’émancipation des femmes à une époque difficile et un personnage en vue du second empire, amie de l'impératrice Eugénie de Montijo.
Issue d’une famille d’artistes, Rosa Bonheur a réalisé une œuvre abondante, plaçant les animaux au cœur de sa création
artistique au sein de compositions spectaculaires comme ce labourage nivernais, une commande de la deuxième république en 1848.
Labourage nivernais (1849), Paris, musée d'Orsay. |
Marie-Rosalie Bonheur naît à Bordeaux. Aînée de quatre enfants, tous devenus artistes (Auguste, Isidore et Juliette), elle est la fille du peintre Raymond Bonheur et de Sophie Marquis, femme cultivée et musicienne. La famille Bonheur s’installe en 1829 à Paris, le père fréquente de prés les saint-simoniens et vivra même quelques temps boulevard de Ménilmontant. Peintre très jeune, poussée par ses parents, Rosa organisa sa vie autour de son travail, accompagnée en particulier de son amie Nathalie Micas, qui vécut à ses côtés plus de cinquante ans et participa à sa création. Rapidement, grâce à son succès, Rosa Bonheur fut perçue comme un modèle à suivre dans la quête d’indépendance des femmes et des artistes.
« Portait de Rosa Bonheur » par Edouard-Louis Dubufe et Rosa Bonheur. 1857. — Gérard Blot |
Dans les années 1850, la renommée de Rosa Bonheur s’accompagne d’un grand succès commercial. Déjà célèbre grâce au Labourage nivernais, Rosa Bonheur connaît un véritable triomphe au Salon de 1853 avec Le Marché aux chevaux. Elle entend s’imposer comme une créatrice hors normes, en s’attaquant à un genre traditionnellement réservé aux hommes et en donnant à ce thème animalier le format des plus nobles peintures d’histoire.
Le Marché aux chevaux (1853), New York, Metropolitan Museum of Art. |
Rosa Bonheur étudie au quotidien les animaux. Chiens, chevaux, mais aussi moutons, fauves, cerfs et sangliers figurent parmi ses nombreux modèles, amis et muses. La vente de ses toiles et la diffusion des estampes lui permettent de faire l’acquisition du château de By, à Thomery, en lisière de la forêt de Fontainebleau. Rosa Bonheur emménage le 12 juin 1860, avec Nathalie Micas et sa mère, qui s’occupent de la gestion du domaine et du soin des animaux, libérant ainsi l’artiste des préoccupations matérielles. Rosa Bonheur est la première femme artiste à recevoir la Légion d’honneur (1865).
Portrait du Colonel William F. Cody (Buffalo Bill), 1889, Buffalo Bill Historical Center |
Malgré son envie profonde de se rendre aux États-Unis, Rosa Bonheur ne
peut accomplir ce rêve. Elle est fascinée par les grands espaces de
l’Ouest, par ses habitants autochtones et par la faune spécifique à ces
paysages : les chevaux sauvages et surtout les bisons. Lorsque William
Cody, alias Buffalo Bill, installe son Wild West Show à Neuilly, en
1889 pour l'exposition universelle, Rosa Bonheur ne manque pas l’occasion d’aller à la rencontre des
acteurs Sioux Lakotas et de leurs familles. L’amour de Rosa Bonheur pour les chevaux est imprégné de la vision qu’en
a laissée Théodore Géricault, dont elle possédait de nombreuses
estampes. Elle rencontre également, cette année là, la californienne Anna Klumpke qui devient sa portraitiste, biographe et légataire universelle.
Visite d'Eugénie à By en 1863 par Deroy et Lix |
Jusqu'au 15 janvier 2023 au musée d'Orsay
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