Le Centre Pompidou consacre une rétrospective d’envergure de 120 tableaux majeurs, souvent de très grand format, à Gérard Garouste (1946-). Artiste sous influences grecques, bibliques et hébraïques, l'exposition permet d'apprécier son parcours sous le signe de l'étude, de la recherche permanente, mais aussi de la folie.
Gérard Garouste est étudiant aux Beaux-arts de Paris à la fin des années 1960, sa lecture des entretiens de Marcel Duchamp le mène à la recherche des sources de la culture et ses réflexions le conduisent aux remises en cause de l'Art en vogue au cours de cette époque tourmentée. Il se lance, au début des années 1980, dans la réalisation de grands tableaux sous le signe de la mythologie grecque, à laquelle il superpose sa mythologie personnelle tirée de l’apollinien et du dionysiaque nietzschéen. Il revisite l’histoire de l’Art en nous livrant d’impressionnants morceaux de peinture figurative. Son voyage s'articule de la Divine Comédie de Dante à la tradition exégétique juive (Talmud, Midrach) qui finira par l'absorber intégralement. On suit dans l'exposition son voyage chez Cervantès, Kafka, Faust en passant par le Palace, dont il décore l'intérieur avec discrétion.
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| Gerard Garouste - Alma - 2005 |
Il a réalisé des œuvres ou des décors pour le palais de l'Élysée, des sculptures de la cathédrale d'Évry, le plafond du théâtre de Namur, une fresque pour la salle des mariages de l'hôtel de ville gothique de Mons ou encore les vitraux de l'église Notre-Dame de Talant. En 1989, Garouste réalise le rideau de scène du théâtre du Châtelet dans un style très voisin de celui de Marc Chagall.
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| Gerard Garouste en famille |
À partir de 2009 et la publication de son récit autobiographique "L'intranquille", Gérard Garouste révèle publiquement le poids de son histoire familiale et ses problèmes psychiatriques. Il est le fils d'Henri-Auguste Garouste (1919-2008), antisémite et pétainiste, condamné en 1945 à rembourser les établissements Lévitan qu'il avait spoliés en 1943, durant la guerre. Gérard Garouste voit dans cette terrible histoire familiale l'origine de ses troubles mentaux, il sera soigné dans plusieurs hôpitaux psychiatriques parisiens, suivi de sa conversion au judaïsme.
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| G.Garouste. Le Banquet . Triptyque 2021. (fête de Pourim ; festin d'Esther ; le don de la manne) |
Dans "Le Banquet" , il consacre un triptyque à Frantz Kafka. La fête de Pourim est le symbole de la victoire du peuple juif, victime à plusieurs reprises de tentatives d'extermination, la partie centrale renvoie au festin de la reine Esther et représente le repas de plusieurs personnages célèbres de la culture juive entourant Kafka et le panneau de droite s'inspire de "la récolte de la Manne" du Tintoret (1577), nourriture miraculeuse envoyée aux Hébreux dans le désert.
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| Gérard Garouste -Portrait d'Elisabeth - Coll Part. |
G.Garouste commence en 2002 une série de portraits de proches et de personnalités du monde de l'Art. Il part d'une photo à laquelle il fait subir des déformations avec un logiciel informatique. Élisabeth, son épouse, s'est prêtée au jeu. L'artiste recherche une figuration cachée imperceptible par le sens commun.
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| Gerard Garouste - Les Libraires Aveugles - CNAP |
Ce tableaux met en image les propos méprisants de Saint Augustin concernant le rapport des juifs aux écritures saintes, qu'ils auraient été incapables d'interpréter. En cela, ils seraient comme des libraires aveugles qui diffusent des livres qu'ils ne savent pas lire. L'idée de la preuve, réclamée par les chrétiens, est mise à mal avec ironie comme procédant d'une quête hasardeuse, voire dangereuse.
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| Gerard Garouste - Le chien au baptême - 1995 - Coll Part. |
Nous sommes (les éléments, l'homme, la femme, l'animal) dans un espace temps indéfinissable et ouvert à toutes les possibilités, où la logique et la rigueur scientifique ne sont pas de mise. La véracité des propriétés physiques inhérentes à la matière et les justes proportions des apparences se heurtent à un mur de tous les possibles, incluant le plus insupportable, comme le mal ou la mort. Pour Garouste, le sujet n'est que prétexte à l'activation du regard et de la pensée.
Du 7 Septembre 2022 au 2 Janvier 2023 - Centre Pompidou
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