Le Paris de Georges Perec chez Parigramme

Quel est le Paris de Georges Perec ? Un lieu où vivre, mais aussi un terrain de jeu, d’expérimentation et d’écriture. Une ville puzzle, coupée en morceaux par « l’histoire avec sa grande hache ». les pièces du puzzle demandent à être assemblées : c'est ce que réalise Denis Cosnard dans son livre : le Belleville pauvre de la prime enfance, le 16e arrondissement cossu de l’adolescence, le Quartier latin de l’âge adulte, les cafés, les appartements des amis… ceux des "Lieux" ou de "la vie mode d'emploi".

Tout débute à Belleville, un quartier d'immigration où les parents de Georges Perec, juifs polonais l'un et l'autre, arrivent entre les deux guerres. C'est ici que naît le futur écrivain, rue de l'Atlas , et qu'il vit jusqu'à 6 ans, rue Vilin, dans un îlot aujourd'hui totalement disparu (parc de Belleville). Caché dans le Vercors pendant l'occupation, l'enfant devenu orphelin est pris en charge par des parents qui habitent rue de l’Assomption et lui font découvrir les beaux quartiers de l'ouest parisien.

Il découvre ensuite le reste de l'immense ville, le quartier latin comme étudiant, le 14e de son copain Jacques Lederer, les petits appartements et tout ces "Lieux" comme le passage choiseul ou la plaine Monceau qui deviennent le théâtre de sa "vie mode d'emploi".

L'auteur revisite ces endroits souvent associés aux évènements tragiques dans sa famille et ce qu'ils sont devenus aujourd'hui, tel un livre d'histoire marquant du XXe siècle où Perec s'inscrit dans la lignée des témoins majeurs et des promeneurs de Paris. Certaines plaques urbaines le soulignent, comme celle, originale, dans café de la place Saint Sulpice, qui souligne simultanément "La disparition" et la "tentative d'épuisement".

Un autre privilège réside dans l'extension que trouve Perec aux références littéraires chez Proust, Céline, Hemingway et d'autres connaisseurs intimes de la capitale, ce sont ces "choses" qui transforment cette revue topographique en magnifique promenade urbaine.

D.L