Le musée Clemenceau présente "Des Femmes et Clemenceau : La liberté pour horizon", du 8 mars au 30 juillet 2022. L'exposition s’intéresse aux positions de Georges Clemenceau sur les droits des femmes à travers plusieurs portraits féminins. Les élues : Louise Michel, Marguerite Durand, Séverine, Rose Caron, Blanche Hoschedé-Monet… ce qui ne manque pas de sel quand on connaît le sort réservé à sa propre épouse..
Réputé misogyne et divorcé à partir de 1894, Georges Clemenceau œuvre pourtant à la reconnaissance de certains droits aux femmes. Loin de devenir féministe, il s’élève avec vigueur contre la morale judéo-chrétienne castratrice et culpabilisante. Refusant le puritanisme et se battant contre les humiliations et l’injustice, il combat l’ordre moral bourgeois et revendique des droits économiques et sociaux pour les femmes.
Les mères sont celles qu’il souhaite protéger en premier lieu tout en éreintant le mariage qui emprisonne. Débarrassé des préjugés moraux ou religieux, il défend une très grande liberté de conduite pour les femmes et leur donne la parole, dans son œuvre journalistique et littéraire. Cela donne les portraits de femmes proches de lui dans ce combat qui nous sont présentés.
Bureau de Clemenceau au musée |
Fasciné par Louise Michel dès leur première rencontre, admiratif de la journaliste Séverine avec laquelle il va s'allier au service de la défense du capitaine Dreyfus, Clemenceau soutient aussi la féministe Marguerite Durand dans la création de son journal entièrement féminin :
La Fronde. Il protège aussi Blanche Hoschedé-Monet, l'élève de Claude Monet ( et grande tante de la chanteuse Dorothée Hoschedé)
Les dreyfusards |
Pudique sur ses nombreuses histoires d’amour (800 dit-on ?), Clemenceau reste très discret et respectueux avec les femmes qu’il a aimées, particulièrement la comtesse d’Aunay et la belle cantatrice Rose Caron. L’amour qu’il partage avec elles se transformera en une amitié indéfectible, le liant à ces tendres confidentes jusqu’à la fin de ses jours.
Rose Caron dans le rôle d'Iphigénie en Tauride de Christoph Glück Vers 1900 |
Les principales amies de Clémenceau |
Cependant, il ne cesse de réaffirmer dans la presse et à la tribune son opposition au droit de vote des femmes. A la fin du XIXème siècle, la République est encore fragile et l’Église, non séparée de l’État, constitue une puissance de réaction loin d’être négligeable. La crainte et le préjugé (les femmes votent à droite) l'emportent pour un temps....
De même, l'exposition ne masque pas son acharnement à faire condamner son ancienne épouse, Mary Plummer qu'il avait épousé en 1869 à New York. Mère de ses trois enfants, elle s'ennuie rapidement avec lui, occupé de journalisme (activité peu rentable), de politique (il est maire de Montmartre pendant la Commune) et ses nombreuses infidélités. Les relations se détériorent.
En 1892, cherchant à divorcer, il la fit surprendre avec son amant (le précepteur de leurs enfants), puis expulser du pays pour adultère. Revenue en France quelques années plus tard pour revoir ses enfants, elle devint guide touristique et mourut dans le dénuement total en 1922, seule et invalide avant de rejoindre une fosse commune du 15e arrondissement. Pour Georges Clémenceau, le féminisme s’arrêtait devant la chambre à coucher. Autres temps, autres contradictions.
Mary Plummer par Ferdinand Roybet. |
du 8 mars au 30 juillet 2022 durant les heures d’ouverture du musée Clemenceau 8 Rue Benjamin Franklin, 75116 Paris