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  • L'empire des sens au musée Cognacq-Jay.

    Le musée Cognacq-Jay explore le thème de l’Amour. François Boucher, le peintre de Louis XV, s'y impose comme une figure centrale du développement de l’art érotique au XVIIIe siècle. Watteau, Greuze et Fragonard l'accompagnent vers Cythère, l'île d'Aphrodite. Une centaine de peintures, dessins et estampes, traitent du désir dans huit salles de toute beauté. 


     

     Le XVIIIe siècle signe l’avènement du plaisir et des libertins. Plus qu’à toute autre époque, l’Amour y occupe une place dominante. Philosophes, hommes de théâtre, romanciers et artistes, tous investissent le thème des passions érotiques et des désirs charnels. On ne compte plus, sous le pinceau des meilleurs peintres, les scènes bucoliques où badinent bergers et bergères, les boudoirs où s’échangent les soupirs langoureux, les alcôves où s’égarent « le cœur et l’esprit ». L'aristocratie adore ces figures qui décorent les salons de leurs folies. Le Roi Louis XV y cède avec son parc aux cerfs. Après tout Jupiter lui-même précédait de loin les hommes dans ces jeux subtils.

     

    Pan et Syrinx - François Boucher 1759 - National Gallery - Londres
    Pan et Syrinx - François Boucher 1759 - National Gallery - Londres

     

    « Peintre des Grâces », François Boucher (1703-1770) est également l’auteur de compositions secrètes, à la charge érotique saisissante. Ses œuvres célèbrent le corps nu de la femme qui s’abandonne, hypnotise les regards et éveille les sens. Au sommet de sa gloire, sa notoriété s’accompagne d’une réputation sulfureuse, habilement alimentée par ses détracteurs. Ses odalisques lascives, représentées nues, alanguies sur un sofa, le fessier offert au spectateur, ont largement contribué à nourrir les rumeurs. C’est à l’école d’Antoine Watteau, dont l’œuvre est tout entier consacré à l’amour, que Boucher apprend la polysémie amoureuse. 

     

    Hercule et Omphale François Boucher -  1734- © Musée Pouchkine Moscou
    Hercule et Omphale François Boucher -  1734- © Musée Pouchkine Moscou

    La littérature suit : un cabinet de l’Amour, situé à l’issue du parcours, invite à découvrir une sélection exceptionnelle d’érotiques du XVIIIe siècle : peintures, miniatures, estampes, sculptures, livres illustrés, boîtes et autres objets à caractère pornographique dignes de « Thérèse Philosophe » . Diderot a laissé des chroniques sur l'indécence de Boucher dans son analyse des salons de 1761 à 1765. « Que voulez-vous que cet artiste jette sur sa toile ? s’indigne le philosophe. Ce qu’il a dans l’imagination. Et que peut avoir dans l’imagination un homme qui passe sa vie avec les prostituées du plus bas étage ? » (Diderot, Salon de 1765ƒ­) . Crébillon, et d'autres écrivains libertins (Piron, Laclos)  admiraient Boucher, dont ils collectionnaient les dessins et les gravures. Ces œuvres étaient toutes, sans exception, des commandes, réalisées pour orner des cabinets les boudoirs, ou bien des maisons closes.

    Jean-Baptiste Marie Pierre, Nymphe et Faunesse, Genève Collection Bonna © Patrick Goetelen, Genève
    Jean-Baptiste Marie Pierre, Nymphe et Faunesse, Genève Collection Bonna © Patrick Goetelen, Genève

    Fragonard, quant à lui, traduit la fusion amoureuse dans un autre registre. Il n’est plus question de la violence du désir érotique, mais de tendresse voluptueuse entre deux jeunes amants. Greuze, plus provocant encore, prête à l’image de la Volupté les traits de sa propre femme, saisie sur le vif, dans un abandon proche de l’extase orgastique. La sensualité éternelle et autorisée des mythes antiques se transforme ici en forme licencieuse. 

     

    La Volupté par Jean-Baptiste Greuze,  1765, Paris, collection particulière © Thomas Hennocque
    La Volupté par Jean-Baptiste Greuze,  1765, Paris, collection particulière © Thomas Hennocque

    Pour mettre en lumière le réseau des milieux libertins, littéraires et artistiques, un plan de Paris licencieux est présenté au sein de l’exposition. Une vingtaine de lieux : ateliers des peintres, sociétés grivoises, demeures des écrivains mais aussi les hauts lieux de la sexualité : maisons closes, hôpital spécialisé dans le soin des maladies vénériennes ou encore la résidence des jeunes maîtresses du roi Louis XV. 

     

    Paris Libertin - Musée Cognacq Jay
    Paris Libertin - Musée Cognacq Jay

     

    du 19 mai au 18 Juillet 2021 au musée Cognacq-Jay.

    Que visiter à Paris ?
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