La Bibliothèque Nationale de France et la Bibliothèque littéraire
Jacques-Doucet associent leurs collections, notamment les feuilles des champs magnétiques d'André Breton et Philippe Soupault, du manifeste surréaliste, ou de Nadja pour présenter
la première grande exposition consacrée à ce mouvement littéraire. L'exposition nous invite à suivre les pas des contributeurs de ce mouvement riche en innovations et en influences sur tout le XXe siècle.
Cette exposition-événement raconte comment, sur les décombres d’une guerre, une brillante génération littéraire compte faire avec la déraison ce que la génération précédente n'avait pas réussi à faire avec la raison : sauver le monde. Espoir insensé, baroque, quelquefois loufoque, voire grotesque, mais fédérateur avec beaucoup d'imagination et de brillantes individualités : Breton, Soupault, Aragon, Eluard, Arp, Prévert, Leiris avec beaucoup d'autres développant un nouveau rapport à l’écriture et au monde intellectuel en général. Leur influence sera considérable. L'exposition s’ouvre sur un ensemble regroupant les costumes du ballet Parade, dessinés par Picasso, et le manuscrit précurseur des Mamelles de Tirésias, par Guillaume Apollinaire.
Créature de l'opéra surréaliste : "Parade" |
Certaines innovations littéraires passent pour de joyeuses élucubrations. Écriture automatique, cadavres exquis, écritures des rêves, collages dans la lignée de l'interprétation freudienne. La « pensée parlée » est libérée de toute forme de censure : plus involontaire elle se présente, meilleure elle est, portée par une volonté « supérieure ». L’exploration du rêve, les séances de sommeils hypnotiques sont les deux autres voies privilégiées par le groupe pour accéder à l’inconscient : à une sur-réalité qui les dépasse tous.
l'extravagance envahit l'art de l'après première guerre mondiale |
La parution, en 1924, du Manifeste du surréalisme d’André Breton, au terme de ces années de prise de parole et d’activisme, consacre le groupe où fulmine « le pape du surréalisme », quelquefois contesté. Dans cette assemblée mouvante se trouvent des piliers (Aragon, Soupault, Desnos) et des météores (Dali, Cocteau, Lacan), les réunions se font souvent au café Cyrano, à Pigalle.
La partie la plus attachante de l'exposition est celle construite autour du manuscrit exceptionnel de Nadja, témoignage de l'expérience d'amour fou entre André Breton et une « âme errante ». La jeune femme lui parut incarner l’éthique surréaliste et la transformation amoureuse sa preuve matérielle. Des pièces exceptionnelles entourent l'évocation de la jeune fille. Le témoignage d'une authentique fascination qui se termine aux confins tragiques de la folie.
Nadja |
"Je suis une âme errante" |
Un des témoignages de l'aventure Nadja, place de Clichy. |
Jusqu'au 15 Août à la BNF Mitterrand. Entrée 9€
https://www.bnf.fr/fr/agenda/linvention-du-surrealisme-des-champs-magnetiques-nadja