L'exposition qui se déroule à l'hôtel de Soubise, rue des archives, illustre l'émergence d'une police professionnalisée à Paris au 18e siècle. 200 documents originaux provenant en grande partie des fonds du Châtelet de Paris, mais aussi de la bibliothèque de l'Arsenal accompagnent un scénario très pédagogique et médiatisé.
Guillaume Desnoues (1650-1735 ?), Masque mortuaire de Cartouche, moulage en cire, 1721.Saint-Germain-en-Laye, musée municipal, INV857.1. © Musée municipal de Saint-Germain-en-Laye |
D'autres menaces planent sur les imprimeurs ou écrivains pamphlétaires, fils libertins, épouses débauchées, enfermés sans autre forme de procès par lettre de cachet, privilège royal.... souvent demandé par le grand public pour laver son honneur outragé par un membre de la famille, comme ce fut le cas du marquis de Sade.
Plainte du marquis de Sade contre son transfert à Charenton, 1789, Arch. nat., Y 11442. © Archives nationales |
L'arbitraire, l'opacité de la police comme son recours à l'espionnage,
sont de plus en plus débattus et critiqués à
la fin du 18e siècle, afin de les borner et de les placer sous contrôle. Ce sujet revient chez les philosophes, qui s'insurgent pour une justice objective et loyale. Ce sera un thème récurrent aux débuts de la Révolution. L'exposition accorde aussi une place spéciale aux corporations (supprimées à la Révolution) dans leur façon de régler les litiges, ce qui donne une assez bonne idée de la complexité des droits de chacun, à laquelle s'ajoute celle des justices ecclésiastiques. En conclusion, la police est aux mains des pouvoirs locaux, corps de villes, cours de justice, et confiée à des juges et de petits officiers, rarement professionnels. Cette variété est la clé de compréhension du parcours proposé, avec de très belles pièces choisies comme démonstration.
Du 18 septembre 2020 au 18 janvier 2021 - Archives Nationales - Hôtel de Soubise - Entrée gratuite