Pour moi, Paris est une fille, une amie, une épouse, dont la physionomie me ravit toujours parce qu’elle est pour moi toujours nouvelle. Je l’étudie à toute heure et chaque fois j’y découvre des beautés neuves. Elle a des caprices, elle se voile sous une pluie, pleure, reparaît brillante, illuminée par un rayon de soleil qui suspend des diamants à ses toits. Elle est majestueuse,
ici ; coquette, là ; pauvre, plus loin ; elle s’endort, elle se réveille, elle est tumultueuse ou tranquille. Ah ! ma chère ville, comme elle est étincelante et fière par une soirée de fête, lumineuse, elle saute, elle tressaille.
La ville toujours nouvelle à laquelle il adresse sa déclaration d’amour est faite d’une accumulation de détails – des noms, des bornes, des ruisseaux, des portes (combien de portes dans la Comédie humaine ?) –, une ville parcourue d’innombrables silhouettes minutieusement dessinées, des clercs de notaires, des grisettes, des journalistes, des portières, des usuriers, des commis voyageurs, des spéculateurs.
De ce Paris-là, il rassemble les éléments en flânant.
Errer dans Paris ! adorable et délicieuse existence ! écrit-il dans la Physiologie du mariage – Flâner est une science, c’est la gastronomie de l’oeil. Se promener, c’est végéter ; flâner, c’est vivre
Ce livre nous promène sur les pas de Balzac traversant la ville chaussé de ses grosses bottes, courant entre ses imprimeurs, ses éditeurs, ses marchands de café, ses maîtresses et ses amis, s’arrêtant un moment, frappé par un détail que sa mémoire photographique fixait fidèlement.
Il y a pour moi des souvenirs à toutes les portes, des pensées à chaque réverbère, il ne s’est pas construit une façade, abattu un édifice, que je n’en aie épié la naissance ou la mort, je participe au mouvement immense de ce monde comme si j’en avais l’âme.
On pourrait tracer un itinéraire de la Comédie humaine qui mènerait d’Issoudun à Guérande,d’Alençon à Fougères, de Sancerre à Besançon. Mais l’épicentre, là où
tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consume
Communiqué de presse des éditions "La Fabrique"
Balzac, Paris d'Eric Hazan
216 pages 14 euros