Souvent taxé d'une mélancolie chronique et d'une sensibilité exacerbée vis-à-vis de tout ce qui changeait dans le Paris de l'entre-deux guerres, Léon-Paul Fargue reste pourtant "Le piéton de Paris", attribut gagné par la parution de l'ouvrage éponyme qui eut un succès considérable lors de sa parution en 1939. Ce livre l'ajoutait à l'illustre lignée de flâneurs que furent Louis-Sébastien Mercier, Rousseau, Restif, Balzac, Nerval, Sue, Huysmans, Aragon, Breton, Walter Benjamin et j'en oublie qui nous conduisent aujourd'hui jusqu'à Eric Hazan. Poète avant tout, Fargue se rapprochait davantage d'un Baudelaire :
"Pour le parfait flâneur, pour l'observateur passionné, c'est une immense jouissance que d'élire domicile dans le nombre, dans l’ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l'infini. Être en dehors de chez soi, c'est être partout chez soi, être au centre du monde et rester caché au monde"
que d'un enquêteur comme Zola, papier-crayon en main et l’œil furtif.
Cour du Dragon à St Germain-des-prés, aujourd'hui disparue, seul le dragon subsiste |
Marché aux oiseaux, dans l'île de la Cité |
Les cabarets de la rue Pigalle |
Le lecteur retrouve ainsi de nombreux endroits, célèbres pour les contemporains, mais qui ont disparu : les monticules du carreau du Temple, la foule de la rue Montorgueil, la halle du marché Saint-Honoré, les forts des halles, les cabarets de la rue Pigalle, la foire aux pains d'épice, le passage Moret, le Bardo du parc Montsouris, l'abattoir aux chevaux de Vaugirard, les élégantes de Passy, les mariniers du bassin de la Villette, la villa des otages de la rue Haxo et tant d'autres images d'une ville rassemblée en 20 chapitres.
D.L
Feuilleter le livre