Une journaliste anglaise (Hannah Meltzer) détaille son voyage à Paris, accompagnée d'un guide « local ». Il se peut qu'une visite de la capitale française enseigne davantage qu’on ne pense… voyons un peu…
Passage de l'ancre |
En tout cas, je me sentais un peu désolée pour mon guide, Timothée Demeillers, qui dirige la filiale parisienne d’Urban Adventures, une franchise internationale de voyage qui propose des visites guidées hors-piste de plusieurs destinations à travers le monde. L'accent est mis sur la rencontre avec des locaux et – tropisme souhaitable - l'expérience d’un voyage "authentique". Les couleurs de ma visite particulière seraient le fromage, l'art et la vie locale.
Paris : Place de la Concorde |
Nous nous sommes rencontrés un sombre samedi matin sur la place de la Concorde, l'imposante place flanquée par le jardin des Tuileries à l'est et les Champs-Élysées à l'ouest. Mais alors qu’une grandeur et une beauté étonnante nous entouraient – comme la grande façade du luxueux hôtel Crillon, qui devait rouvrir cette année - mon guide m'a conduite à travers l'histoire cachée de la place : Louis XVI, Marie-Antoinette et les milliers de nobles malheureux qui ont rencontré ici leur fin sanglante par la lame de la guillotine, à l'époque de la Révolution !
À peine avions nous évoqué l’endroit et stationné depuis pas très longtemps, physiquement ou historiquement, sur place que bientôt nous nous tournions de l'autre côté de la place vers la rue St Honoré. Après avoir appris de la laïcité durement gagnée par la France, que nous pûmes observer une douzaine de pèlerins tirés à quatre épingles, attendant patiemment l’ouverture de leur lieu de culte : le vaisseau amiral Hermès !
Paris : Boutique Hermès |
Jusqu'à présent, ces curiosités m’étaient familières, mais au fur et à mesure que nous passions dans les rues, mon guide a creusé les détails de cette histoire tourmentée que Paris porte si élégamment. Nous nous sommes arrêtés au no. 261 rue Saint-Honoré, l'ancien site du restaurant Voisin où, lors du siège prussien de 1870, le menu de la fête de Noël proposait de l'antilope cuit, du chameau et l'éléphant du zoo de Paris. De là, nous sautions à la deuxième occupation allemande de la ville, cette fois-ci dans les années 1940, avec les vestiges qui peuvent être vus dans la trace de balles sur les façades de certains bâtiments parmi les plus célèbres de Paris.
Menu au Restaurant Voisin 1870 (siège de Paris) |
Et bien sûr, la ville porte des cicatrices plus récentes. Je vivais à Paris en novembre 2015, quand une série d'attaques terroristes coordonnées ont tué 130 personnes. Bien qu’étant heureusement en sécurité à la maison, il est difficile d’oublier le souvenir tragique des informations de ce soir-là et des jours suivants. Il semble que ce soit aussi le cas des touristes. La capitale française a vu une chute du nombre de visiteurs suite aux attaques et mon guide m'a dit que, après des années de croissance, son activité avait subi une baisse de 25% l'année dernière.
Paris : Ladurée 14 rue de Castiglione |
Mes scènes d’amour du chocolat ou du macaron ont continué au Palais Royal, un palais moins visité à côté du Louvre, dont la cour abrite aujourd'hui une surprenante sculpture de Daniel Buren. Ce samedi matin, les enfants et les adultes posaient et jouaient sur les colonnes à rayures noires et blanches.
Paris : Jardin du Palais Royal et ses colonnes de Buren |
L’agenda proposait ensuite le quartier médiéval des Halles, récemment rénové avec une Canopée à 150 Millions de livres, hébergeant des boutiques et un restaurant chic d’Alain Ducasse. Après la contemplation de cette nouvelle structure, nous sommes entrés dans l'église Sainte-Eustache. Le Gothique extérieur et la splendeur de l'intérieur Renaissance offrent suffisamment de détails architecturaux pour satisfaire tous les amis de l'Histoire de l'Art mais, grâce à mon guide, mon attention fut attirée par un vitrail plus moderne que je n'avais jamais vu auparavant. Dédié à la charcuterie, il a été financé par la Société des Charcutiers de France, en signe de reconnaissance au passé de la profession. Les tableaux montrent Saint-Antoine, le saint patron des charcutiers, ainsi qu'une représentation révélatrice de la cuisine et du service rendu par la bonté porcine.
Paris : Vitrail de Saint-Eustache |
La promenade a été ponctuée par des arrêts dans ces merveilleux passages cachés de la ville, peu visités, bordés de boutiques, comme le premier magasin de Christian Louboutin dans l'élégante galerie Véro-Dodat et Pep's : le dernier atelier de réparation de parapluies de Paris, dans le joli passage de L'Ancre.
Paris : Galerie Vérot-Dodat |
L'excentricité locale a continué dans la rue Montorgueil, où nous nous attendions à admirer les éclats graisseux et les tartes glacées de l'historique boutique Stohrer : la plus ancienne pâtisserie de Paris, fondée par le pâtissier personnel de l'épouse de Louis XV. Notre propre reine a visité l'établissement en 2004, un événement dont les habitants sont encore évidemment fiers : « Mademoiselle! Vous êtes Britannique ? Nous avons une reine que vous connaissez » Un client régulier rayonnait, montrant un carrousel de cartes postales représentant la visite Royale. Peut-être que la récente visite du duc et de la duchesse de Cambridge, un acte de bonne volonté diplomatique pré-Brexit, charmera aussi ces habitants républicains pour les années à venir. Pourquoi les Français sont-ils si obsédés par la familleroyale anglaise ?
Paris : Patisserie Stohrer |
Comme nous mangions, debout sur une barrique à l'avant de la boutique, un grand monsieur, maigre et âgé, arriva avec son amie, juvénile, mince et presque aussi grande que lui. " Ils l'appellent Pépino ", déclama mon guide, "il est espagnol pour le « concombre », bien qu'il soit italien" Pépino se retourna et me fit un clin d'œil puis un geste de la tête vers l'élégante femme à côté de lui - " C'est ma femme ! " . Il se retourna pour inspecter les fromages, et dit avec un sourire méchant : « elle est pas mal, hein ! ».
Niché à quelques mètres du boulevard le plus grand et le plus bruyant de Paris (Boulevard de Sébastopol), le Passage de l'Ancre est un havre vert et tranquille, rempli d'adorables boutiques colorées, dont le dernier magasin de réparation de parapluies à Paris !
Un parking à Saint-Germain, où vous trouverez une partie parfaitement conservée du mur de fortification du 13ème siècle de Paris. Nous y allons dans tournée de Saint-Germain avec Aventure Urbaine & Bohême, alors je ne vais pas donner le nom !
Même si ce n'est pas si secret, j'adore le cimetière du Père Lachaise. En dépit de son apparence morbide, il est complètement isolé de la grande ville et vous pouvez facilement vous promener pendant des heures dans cette atmosphère où la nature a repris le pas sur les monuments en pierre.
Le marché d'Aligre et la Coulée verte. Juste à côté de la place de la Bastille, le Marché d'Aligre est l'un des marchés parisiens le plus mignon, et à quelques pâtés de maisons se trouve une ancienne ligne de train transformée en près de 5 kilomètres de long parc linéaire (et peu de gens en connaissent).
Le Haut Montmartre a de jolies ruelles et des rues tranquilles et cachées : un monde très éloigné de l’animation bourdonnante de Sacré-cœur. Un bon exemple est le passage semi-privé de la Sorcière, qui abrite l'Hôtel ‘Montmartre’, très "select" et un club de pétanque de campagne.
Paris : Hôtel Montmartre |
Après cette scène incroyablement charmante, la conversation tourna vers ces commentaires récents entendus à Londres : " Paris n'est plus Paris "
Mon guide devint philosophe dans sa réponse et souligna, comme nous l’avions vu ensemble ce jour-là, que la ville eut à faire face à de nombreux défis dans son histoire : la peste, une poignée de révolutions ainsi que l'occupation nazie. " Paris sera toujours Paris ", dit-il.
"Les visiteurs reviendront - nous nous souviendrons des attaques et cela nous renforcera , mais
Paris restera l'une des plus belles villes au monde"
En attendant, dit Timothée, la baisse du nombre de visiteurs lui a donné le temps et l'impulsion pour développer une offre plus forte, plus riche et assez diverse pour satisfaire le touriste le plus fou et incluant, j'ai dû l’admettre, un cynisme gênant...
Note : Cet article est la traduction d’un article du Telegraph
Traduction : D.L