les Africains n’ont jamais vécu dans l’isolement. Longtemps ignorés, les échanges panafricains et extra-africains ont pourtant débuté voici des millénaires, bien avant l’arrivée des premiers navires portugais au 15e siècle, avant la colonisation et les indépendances.
Benin-City Description de l'Afrique 1686 (Musée du Quai Branly) |
Le parcours nous fait découvrir ou redécouvrir les cartes et les villes mythiques de Kong, Tombouctou, Leptis Magna, Carthage, Zimbawe, Zanzibar, ces routes qui conduisent de Johannesburg à Luanda. Les sites Nok, répartis sur plus de 500 kilomètres, se situent au sein d’un réseau de relations utilisant les grandes voies de communication naturelles de la région : le Niger, la Bénoué et le lac Tchad. les Nubiens (Soudan actuel) du royaume de Napata dominent la réunification de la Haute et de la Basse Égypte sous une dynastie kouchite noire. Plus bas, les portuguais fondent Mombasa en 1593 suivis ailleurs par les Hollandais, les Danois, les allemands , Anglais ou Français.L'exposition vise l'exhaustivité.
Collier de perles en pâte de verre (10e siècle) Collection A. et G. Panini, Côme, Italie |
Sur ces routes, l’ivoire a circulé, ainsi que les langues, le sel, les cauris, l’or, les idées, les savoirs, le métal forgé. Les esclaves aussi, poussés sur les chemins de cruauté menant à Rome, Bagdad, Cambay, Canton,São Tomé, Salvador de Bahia, La Nouvelle-Orléans... Nous suivons ces itinéraires à partir de Gorée (Sénégal) ou d'autres lieux aujourd'hui maudits.
Ils emportaient avec eux les « religions du terroir » qui ont un fond commun : l’exigence d’intercesseurs – ancêtres, devins et sorciers – pour se concilier le monde surnaturel. Les esclaves ont exporté ces croyances aux Amériques. L’Afrique a aussi adopté les nouveautés offertes par les monothéismes : judaïsme et christianisme des origines ont laissé leur trace, les Arabes ont ensuite apporté l’Islam par le nord et par l’est dès le 9e siècle.
Les religions du Livre se sont massivement implantées depuis le 19e siècle. Le récit de la Reine de Saba et du roi Salomon est commun au judaïsme, au christianisme et à l’Islam. Il incarne le symbole de la conversion aux religions du Livre. 12 millions d’Africains sont déportés vers l’Amérique entre les 16e et 19e siècles et sont convertis de force au christianisme ; toutefois certaines religions africaines subsistent, comme le "vodou" (originaire du Benin) en Haïti.
Bannière Bawon, 2005. Haïti Myrlande Constant |
Ces routes de l'Afrique, ce sont aussi des routes esthétiques.Au XXe siècle, des centaines de milliers d’objets africains quittent le continent pour rejoindre des collections privées, les expositions, les musées et, plus tard, le marché de l’art occidental. Quel que soit le mode d’acquisition : butins de
guerre, confiscations, achats, dons ou commandes - les noms d’artistes ont hélas très rarement franchi les limites du pays d’origine.
En Europe et notamment à Paris, ils apparaissent depuis les années 1860, mais ce sont les peintres d’avant-garde comme Picasso, Nolde, Tzara ou Derain qui s’intéressent aux arts étrangers et traduisent la sculpture africaine à leur manière.
Yinka Shonibare MBE - La Méduse voguant vers l'ile de Gorée 2008 |
Du 31 Janvier au 12 Novembre 2017 - Musée du Quai Branly
http://www.quaibranly.fr/fr/expositions-evenements/au-musee/expositions/details-de-levenement/e/lafrique-des-routes-36991/