Le Petit Palais présente la première grande exposition française consacrée au célèbre écrivain Oscar Wilde (né en 1854 à Dublin - mort en 1900 à Paris). Bien que l'auteur soit mort dans la capitale (dans un hôtel qui porte son nom, 13 Rue des Beaux Arts) le centenaire de sa disparition n'a pas été commémoré, alors que Londres lui consacrait deux grandes expositions en cette année 2000.
Pour cette grande première, le Petit Palais retrace la vie et l’œuvre de ce parfait francophone et ardent francophile à travers un ensemble de plus de 200 pièces rassemblant documents exceptionnels, inédits pour certains, manuscrits, photographies, dessins, caricatures, effets personnels et tableaux.
Esthète, dandy, expert en provocations et en bons mots d'esprit, Oscar Wilde fut aussi un immense homme de lettres : critique d'art, dramaturge, romancier et poète. L'exposition retrace la vie passionnante et tourmentée de cet écrivain et brillant causeur dont le mythe est encore très actif aujourd'hui, comme en témoigne l'activité féminine sur sa tombe au père Lachaise, qu'on a dû protéger des admiratrices, à moins que ce soit des admirateurs.
Tombeau d’Oscar Wilde au cimetière du père Lachaise par Jacob Epstein. Collection Merlin Holland. © The Estate of Sir Jacob Epstein |
Les portraits de Wilde (photographies, caricatures, peintures…), les tableaux préraphaélites qu'il a abondamment commentés au début de sa carrière, mais aussi des manuscrits et des éditions rares, des lettres et extraits de ces grands textes dont "Le Portrait de Dorian Gray" et "L'importance d'être constant", "Salomé" accompagnent les contributions de spécialistes internationaux de l'écrivain irlandais.
En 1891, peu de temps avant de rencontrer lord Alfred Douglas, pour qui il développera une passion homosexuelle, Oscar Wilde publie Le Portrait de Dorian Gray, son seul et unique roman. Très beau jeune homme, Dorian Gray fait le voeu que son portrait peint vieillisse à sa place. Il obtient satisfaction et mène une vie de plaisirs, incité en cela par son mauvais génie, le dandy et esthète lord Henry Wotton. À la fin du roman, Dorian poignarde le tableau devenu une atroce effigie à l'image de son personnage réel. Il tombe aussitôt sur le sol, « flétri et ridé », un couteau dans le coeur. Le modèle du tableau a, en revanche, retrouvé l'éclat et la beauté de sa jeunesse. Nourri des lectures de Gustave Flaubert et de Joris-Karl Huysmans, Wilde rédige en français sa pièce Salomé (1893). Salomé est cette princesse juive, fille d'Hérodiade, qui charma le tétrarque Hérode et obtint en récompense qu'on lui offre sur un bouclier d'argent la tête du prophète Jean le Baptiste. La pièce sera interdite en Angleterre, mais jouée en France en 1896. La pièce est illustrée dans l'exposition par la danse fameuse de Loie Fuller, qui date également de ces années-là.
John Roddam Spencer Stanhope (1829-1908), L’Amour et la jeune fille, 1877. © Fine Arts museum de San Francisco |
Coqueluche du Londres mondain en 1894, Oscar Wilde fut, l'année d'après, jeté en prison pour délits homosexuels. Robert Badinter, auteur de la pièce C.3.3. consacrée au procès et à l'incarcération d'Oscar Wilde nous donne son avis la-dessus dans une vidéo de l'exposition (*). L'année de la grande exposition universelle, Wilde meurt à Paris dans le dénuement et la misère. L'exposition réserve au visiteur une très belle scénographie, rythmée et variée par Philippe Pumain.
Petit Palais – 28 Septembre 2016 au 15 Janvier 2017
Teaser | Exposition Oscar Wilde | Petit Palais par paris_musees
(*)Jean Lebrun consacre également une émission de "la marche de l'histoire" au procès d'Oscar Wilde
https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-11-octobre-2016