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  • Fantin-Latour à fleur de peau au musée du Luxembourg

    Première rétrospective de l’œuvre de Henri Fantin-Latour (1836-1904) à Paris depuis l’exposition de référence consacrée au peintre dans les galeries nationales du Grand Palais en 1982, cette exposition met en lumière les œuvres les plus emblématiques d’un artiste surtout connu pour ses natures mortes et ses portraits de groupe, et révèle également la part importante occupée dans son œuvre par les peintures dites « d’imagination ».....

    Fantin-Latour à fleur de peau au musée du Luxembourg




    Très attaché dès sa jeunesse à la restitution fidèle de la réalité, Fantin-Latour explora également, avec délectation, une veine plus poétique qui le rapproche des symbolistes. L’exposition, qui embrasse toutes les facettes de cette riche carrière, propose un parcours dense rassemblant plus de cent cinquante œuvres, tableaux, lithographies, dessins et autres études préparatoires.

    Suivant un plan chronologique, l’exposition s’ouvre sur les œuvres de jeunesse de l’artiste, en particulier les troublants autoportraits qu’il réalise dans les années 1850-1860. Confiné dans l’atelier, Fantin-Latour trouve alors ses sources d’inspiration au cœur de son intimité : modèles captifs, ses deux sœurs sont mises en scène en liseuses ou en brodeuses, tandis que les natures mortes savamment composées des années 1860 révèlent, déjà, les qualités d’observation exceptionnelles du jeune artiste.

    Fantin-Latour Hommage à Delacroix
    Hommage à Delacroix 1864 (c) Musée d'Orsay
    Les coups d’éclat de la décennie 1864-1872, période charnière dans le travail de Fantin-Latour, sont mis en lumière dans la seconde partie de l’exposition. Mu par de grandes ambitions, le jeune artiste travaille alors intensément, innovant avec panache dans le domaine du portrait de groupe. Avec Le Toast (1864-1865), Un atelier aux Batignolles (1870) et Coin de table (1872), il multiplie les œuvres à valeur de manifestes.

    La troisième partie de l’exposition présente les séries de natures mortes et de portraits que l’artiste réalise entre 1873 et 1890. Les somptueux portraits de fleurs qu’il brosse alors par dizaines témoignent d’un talent rare dans la composition des bouquets autant que d’une exceptionnelle virtuosité dans le rendu des matières. Ses portraits, qu’ils soient posés ou plus intimistes, illustrent eux aussi un sens aigu de l’observation.

    Charlotte Dubourg par Fantin-Latour
    Charlotte Dubourg (belle-soeur de l'artiste) 1882 (c) Musée d'Orsay

    L’artiste se lasse pourtant peu à peu des portraits et des natures mortes, ainsi que le révèle la quatrième partie de l’exposition. « Je me fais plaisir » : par cette phrase écrite dans une lettre à Edwards en 1869, Fantin-Latour évoque les œuvres dites « d’imagination » qui occupent une part croissante dans son œuvre au fil des années. Nourries de sa passion pour la musique, inspirées par des sujets mythologiques ou odes à la beauté du corps féminin sous couvert de chastes allégories, ces œuvres révèlent un visage moins connu de l’artiste.


    Entre l’austérité des portraits familiaux, la richesse des natures mortes et la féerie des tableaux d’imagination se dessine ainsi un personnage tout en nuances, dont la personnalité complexe se trouve éclairée par l’abondante correspondance qu’il entretint avec plusieurs de ses amis et artistes de l’époque. L’exposition innove d’ailleurs en consacrant une salle au processus créatif de Fantin-Latour qui, centrée sur L’Anniversaire peint en 1876, présente en parallèle peintures, dessins et lithographies retravaillées à de nombreuses reprises. Cette rétrospective est enfin l’occasion de dévoiler au public un corpus de photographies inédit, saisissant répertoire de formes pour l’artiste.

    LAnniversaire (1876) (c) musée de Grenoble
    LAnniversaire (1876) (c) musée de Grenoble


    Au-delà de la mise en lumière du genre traditionnellement mineur de la nature morte, érigé par Fantin-Latour en véritable portrait de fleurs, l'exposition souhaite brosser l'image d'un artiste en prise avec les débats de son temps, entre passion du réel et besoin d'évasion, qui a su s'imposer, malgré sa discrétion, comme une figure marquante de son siècle.

    Commissariat : Laure Dalon, conservateur à la Rmn – Grand Palais, adjointe au directeur scientifique ; Xavier Rey, conservateur au Musée d’Orsay, et Guy Tosatto, directeur du Musée de Grenoble.

    « Cette exposition est organisée par la Réunion des musées  nationaux – Grand Palais et le musée de Grenoble, en collaboration avec le musée d’Orsay »


    Du 14 septembre 2016 au 12 février 2017.