Un peu de l'aristocratie d'antan s'échappe de ces endroits devenus prestigieux, avec le souffle des grandes migrations provinciales venues tenter leur chance à Paris. Les premiers restaurants furent ceux des cuisiniers de la noblesse devenus chômeurs pendant la révolution et le départ de leurs employeurs. Beaucoup alors s'installèrent autour du très-populeux Palais Royal. Le Grand Véfour, sous les arcades, fait aujourd'hui figure de symbole de cette époque mythique. C'est ici que Fragonard mourut brusquement, dit-on, d'avoir consommé trop vite un sorbet maison. Nous sommes à deux pas des Halles et si les cageots ont disparu depuis 1969, on ne peut s'y promener sans réveiller le démon de midi. Des enseignes perpétuent la tradition : le Cochon à l'Oreille et ses décors classés, l'Escargot, rue Montorgueil, fier de son plafond de Sarah Bernhardt, le Pharamond : bijou de la rue de la grande truanderie, spécialisé dans les.... tripes à la mode de Caen. etc.
L'escalier du Pharamond, rue de la grande truanderie |
Venus du Sud, les bougnats « vins et charbon », très ambitieux, montraient leur savoir-faire en cochonnailles, choux farcis et potées auvergnates. Beaucoup de ces bistrots à vin ont mis la clé sous la porte mais d'autres sont devenus des institutions. C'est le cas du café Charbon, rue Oberkampf ou du petit fer à cheval, dans la vieille rue du Temple. Les normands apportèrent leur tarte tatin, mais nul ne connaît l'origine de la soupe à l'oignon, qu'on dégustait très tard aux Halles sans très bien savoir si la journée se terminait ou si la suivante débutait ?
Il y a bien sûr aussi la galerie des célébrités mondaines, celles qui entretiennent l'âme des poètes et le souvenir des écrivains : le Procope de Voltaire, la Closerie des Lilas d'André Salmon, le Select d'Hemingway, La Pérouse où Victor Hugo a laissé son nom à l'un des salons, le Bœuf sur le Toit de Cocteau, le Flore où Sartre venait se chauffer pendant la guerre, Maxim's devenu un magnifique musée Art Nouveau, grâce à Pierre Cardin, la Coupole qu'on ne présente plus et le Train Bleu au décor époustouflant des expositions universelles.
Le Train Bleu de la Gare de Lyon |
Laissez-vous charmer par cet univers qui mêle rêve et tradition, anime une anthologie d'adresses précieuses à connaître et donne une priorité remarquable aux décors !
D.L
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