L'exposition propose dans une salle unique, ce qui peut paraître peu, mais j'y suis tout de même resté deux heures et demi ! une collection de manuscrits enluminés, blasons, croix templières, épées et bijoux maçonniques, toutes sortes de pièces singulières qui témoignent d'une survivance de l'esprit templier au XVIIIe siècle et XIXe siècle dans certaines loges. Au centre de la pièce, trônent les mannequins en tenue médiévale guerrière grandeur nature qui donnent le ton de l'exposition, couronnée du Gonfanon Baucent, le célèbre étendard de combat de l'ordre du Temple.
L'ordre, fondé en 1119 par des Français de la région de Troyes et réglé par Saint Bernard de Clairvaux présentait une originalité de taille à l'époque de la foi : celle de faire son salut par les armes au lieu de s'isoler pour prier dans un monastère. Les vœux traditionnels de chasteté, pauvreté et obéissance s'accompagnait d'une véritable théologie de la guerre qui leur permit de s'emparer glorieusement des lieux saints et de les conserver pendant presque deux siècles très animés : les fameuses "croisades". Ces troupes d'élites, riches et très bien organisées, dépendantes exclusivement du pape et qui restaient sur place en Orient dépassaient de loin en efficacité les armées croisées venues d'Occident, courageuses et beaucoup plus nombreuses, mais ne connaissant absolument rien du terrain, ni du jeu des alliances complexes dans la région auxquelles étaient rompues les Templiers. C'est ce premier aspect que reflète beaucoup de pièces présentées dans exposition : la franc-maçonnerie était également, à l'origine, bien organisée et très présente dans l'armée, une vocation militaire donc, c'était le cas de presque tous les maréchaux de l'Empire et peut-être Napoléon lui-même.
Réception maçonnique et templière en 1775 |
Écu de chevalier maçon templier du rite suédois |
La veille de son supplice, Jacques de Molay aurait transmis à son neveu les clés du trésor et initié aux mystères bibliques. Celui-ci aurait fui en Écosse avec quelques templiers et maintenu l'ordre vivant avec eux. Il est vrai qu'après son opération de police médiévale, Philippe le Bel ne retrouva rien de la légendaire richesse des Templiers. Où était donc passé tout cet argent accumulé par l'ordre devenu à son apogée une multinationale bancaire de 9000 commanderies ? On le cherche toujours.
Bernard-Raymond Fabré-Palaprat |
L'exposition détaille les fouilles effectuées à Gisors par la gendarmerie en 1962, à la demande d'André Malraux. Là encore, les scientifiques buttèrent sur de fausses preuves, des témoignages suspects et des pistes inventées. On aimerait tant pouvoir découvrir en France un trésor historique comparable à celui de Touthankhamon... hélas ! ce n'était qu'un canular. L'exposition détaille aussi l'aventure de Bernard Fabré-Palaprat, faussaire célèbre, auteur d'une généalogie documentée "la Carta Transmissionis" remontant à Jacques de Molay, accréditant l'idée de transmission des savoirs antiques et du trésor jusqu'en 1808 avec les noms et l'autographe des maîtres successifs du nouveau Temple (jusqu'à Fabré-Palaprat, lui-même, bien sûr).
Jacques de Molay, grand maître du Temple, brûlé vif pour hérésie |
Aujourd'hui, ressurgissent régulièrement des avatars lucratifs du mythe : films ( le dernier des templiers) livres ( le temple noir, le Baphomet, le testament des Templiers , La fille du templier,etc.). Dans son énorme succès littéraire : "Da Vinci Code", Dan Brown affirme que l'Ordre templier aurait découvert le Saint-Graal sous le Temple de Salomon en Palestine ainsi que des documents prouvant que le Christ a eu un enfant avec Marie Madeleine, la prostituée. Le pape Clément V aurait lui-même ordonné l'arrestation et le massacre des Templiers, en 1307, en vue de mettre la main sur le Graal, avec son complice affamé d'argent : Philippe le Bel, mais surtout pour éviter la révélation honteuse de la paternité du Christ.
Quelque chose me dit que nous n'en avons pas encore fini avec cette histoire à dormir debout et c'est tant mieux si cela fait rêver. Cela dit, à votre tour de vous faire une idée...sur ce qui reste néanmoins un mystère... peut-être à bout de souffle ?
D.L
Exposition du 12 avril au 23 octobre 2016
Musée de la franc-maçonnerie
16 rue Cadet 75009 PARIS
Musée de la franc-maçonnerie
16 rue Cadet 75009 PARIS
Templiers & francs-maçons, De la légende à l... par grandorientdefrance