Aujourd’hui trop souvent masqués par le nouveau 13e et ses
jeunes cadres dynamiques, les cols bleus ont pourtant été longtemps majoritaires
dans cet arrondissement. Témoignages, photos, quotidien : on trouve dans le
numéro de ce mois-ci un hommage au 13e ouvrier et à ses usines célèbres (Panhard
Levassor, Snecma, Say…).
En 1874, la société de machines à bois Périn-Panhard achète une grande parcelle du côté des avenues de Choisy, d’Ivry et du boulevard Masséna. À cette époque, il n’y a là que friches et masures. En 1891, devenue Panhard-et-Levassor, la société crée une voiture équipée d’un moteur Daimler et ouvre la première usine d’automobiles à pétrole du monde au 16 de l’avenue d’Ivry. Un bolide de la société parcours les 225 kilomètres de Paris à Etretat à une vitesse moyenne de 10 km/h avec même quelques pointes à 17 km/h. L’âge d’or de la maison Panhard-et-Levassor commence. Elle emploiera jusqu’à 6 000 ouvriers.
L’afflux de l’industrie, ce sont des milliers d’ouvriers à loger. En 1910, on trouve encore une cour de ferme au 169 de l’avenue de Choisy. Plus pour longtemps. Quelques ensembles, comme la cité Jeanne-d ’Arc (voir photo de Une), sont restés tristement célèbres. Habitée dès 1884, cette dernière, au bout de la rue du même nom, est gangrénée par le crime et la tuberculose. Elle sera finalement démolie en 1934.
bâtis dans des cours, arrières et fonds de cours, impasses et passages sans soleil débouchant par une solide porte cochère sur des rues et ruelles étroites et, bien sûr, non éclairées la nuit.
Le bruit de l’atelier était effroyable. On attaquait le métal avec un outil, il y avait une cinquantaine de machines dans l’atelier… En revenant chez moi, bien sûr, il faisait nuit, je marchais dans la rue, je voyais les réverbères tourner. Je me suis dit, il faudra chercher autre chose. Panhard était considéré comme une maison qui payait assez peu, mais les emplois y étaient recherchés. Les ouvriers ne se plaignaient pas, c’était assez familial
Des ouvriers dociles qui ne se plaignent pas ? Et pourtant,
c’est bien devant les grilles de Panhard-et-Levassor que vont naître pendant la Première Guerre
mondiale de fortes revendications sociales. Elles s’étendront plus tard au reste
du 13e habité massivement par des travailleurs. Beaucoup sont syndiqués et
acquis aux thèses du Parti communiste.
La CGT était très infl uente dans le 13e. Même Panhard avait sa section, contrairement à la maison mère Citroën
Quant à Panhard, son dernier bâtiment, au bout de l’avenue d’Ivry et de la rue Nationale, a été rénové en 2013. Il héberge le siège social d’une filiale de la SNCF, Gares & Connexions, et d’une agence d’architecture. Une simple plaque rappelle l’importance du lieu dans l’histoire de l’industrie. On peut y lire : « Ici naquit l’industrie automobile en 1891 ».
Des exemples comme celui-ci sont très nombreux, ils ont forgé l’âme de cet arrondissement. Retrouvez les, ainsi qu’un parcours guidé pour promeneurs à la rencontre de ces lieux oubliés, localisés sur une carte. Un très beau dossier à ne pas rater.
D.L
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