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  • Le ‘13 du Mois’ consacre son dossier mensuel à l’Histoire ouvrière de l'arrondissement

    Le ‘13 du Mois’ consacre son dossier mensuel à l’Histoire ouvrière de l'arrondissement
    Vous pouvez le trouver chez votre boulanger, le libraire du coin ou dans un des 70 points de vente à Paris. Portraits, reportages, rendez-vous culturels, vie de quartier, informations locales, ce sont autant de regards portés sur le quotidien des quartiers du Sud de Paris. Créé il y a 4 ans par une jeune équipe, il sort le 13 du mois, d’où son nom et s’agite aussi sur Facebook et Twitter ! Ce mois-ci, il consacre son dossier au passé ouvrier du 13e arrondissement. Un rendez-vous avec une époque révolue mais déterminante pour son histoire…

    Aujourd’hui trop souvent masqués par le nouveau 13e et ses jeunes cadres dynamiques, les cols bleus ont pourtant été longtemps majoritaires dans cet arrondissement. Témoignages, photos, quotidien : on trouve dans le numéro de ce mois-ci un hommage au 13e ouvrier et à ses usines célèbres (Panhard Levassor, Snecma, Say…).

    Sur les traces des ouvriers du 13e

    Avant la ZAC Rive Gauche, avant Chinatown, les Olympiades et Italie 2, le 13e était industriel. Les usines et les ateliers de toutes tailles y prospéraient. Ses rues et ses cafés étaient fréquentés par des milliers d’ouvriers. En 1954, alors même que certaines usines sont déjà sur le départ, près de 40% des actifs étaient des ouvriers. Parmi eux, des ouvriers spécialisés (OS), des manœuvres, des contremaîtres ou des ouvriers qualifiés, plus que la moyenne de la capitale. Comme les 11e, 19e et 20e, le 13e arrondissement, le numéro dont personne ne voulait, était un territoire franchement industriel. Un destin dans le droit fil des tanneries, mégisseries et autres teintureries qui polluèrent longtemps la vallée de la Bièvre et le faubourg Saint-Marcel.


    En 1874, la société de machines à bois Périn-Panhard achète une grande parcelle du côté des avenues de Choisy, d’Ivry et du boulevard Masséna. À cette époque, il n’y a là que friches et masures. En 1891, devenue Panhard-et-Levassor, la société crée une voiture équipée d’un moteur Daimler et ouvre la première usine d’automobiles à pétrole du monde au 16 de l’avenue d’Ivry. Un bolide de la société parcours les 225 kilomètres de Paris à Etretat à une vitesse moyenne de 10 km/h avec même quelques pointes à 17 km/h. L’âge d’or de la maison Panhard-et-Levassor commence. Elle emploiera jusqu’à 6 000 ouvriers.


    L’afflux de l’industrie, ce sont des milliers d’ouvriers à loger. En 1910, on trouve encore une cour de ferme au 169 de l’avenue de Choisy. Plus pour longtemps. Quelques ensembles, comme la cité Jeanne-d ’Arc (voir photo de Une), sont restés tristement célèbres. Habitée dès 1884, cette dernière, au bout de la rue du même nom, est gangrénée par le crime et la tuberculose. Elle sera finalement démolie en 1934.

    bâtis dans des cours, arrières et fonds de cours, impasses et passages sans soleil débouchant par une solide porte cochère sur des rues et ruelles étroites et, bien sûr, non éclairées la nuit.

    Pas très loin, s’étend la « zone » située au pied des fortifications et dans l’ancienne vallée de la Bièvre, une colonie de chiffonniers s’installe à Maison-Blanche. Ils seront finalement chassés au début du 20e siècle et remplacés par des pavillons encore visibles aujourd’hui, notamment autour de la place de l’Abbé-Georges-Henocque.

    usine panhard-levassor

     Le rythme et les conditions de travail étaient variables d’une usine à l’autre. Parfois difficiles dans la métallurgie, plus enviables dans l’industrie de pointe, elles ont nourri la conscience ouvrière du XXe siècle.

    Le bruit de l’atelier était effroyable. On attaquait le métal avec un outil, il y avait une cinquantaine de machines dans l’atelier… En revenant chez moi, bien sûr, il faisait nuit, je marchais dans la rue, je voyais les réverbères tourner. Je me suis dit, il faudra chercher autre chose. Panhard était considéré comme une maison qui payait assez peu, mais les emplois y étaient recherchés. Les ouvriers ne se plaignaient pas, c’était assez familial

    Des ouvriers dociles qui ne se plaignent pas ? Et pourtant, c’est bien devant les grilles de Panhard-et-Levassor que vont naître pendant la Première Guerre mondiale de fortes revendications sociales. Elles s’étendront plus tard au reste du 13e habité massivement par des travailleurs. Beaucoup sont syndiqués et acquis aux thèses du Parti communiste.

    La CGT était très infl uente dans le 13e. Même Panhard avait sa section, contrairement à la maison mère Citroën
    L’îlot des Deux-Moulins, entre le boulevard Vincent-Auriol et la rue Nationale ne possède alors que 8 % de logements équipés de sanitaires et de douches. La Ville de Paris décide dans les années 60 d’éradiquer tous ces taudis. Le schéma directeur de la région parisienne, qui fixe les orientations de développement de la région, incite même financièrement les usines encore là à quitter Paris. En 1966, le conseil de Paris vote le lancement de l’opération Italie, qui prévoit la construction de tours de grande hauteur autour des avenues d’Italie et de Choisy, et notamment sur l’îlot Panhard. C’est le coup de grâce porté au 13e industriel. Au total, 686.000 mètres carrés de surfaces industrielles sont abattus. Les logements nouveaux, construits sur les ruines, deviennent hors de portée des habitants qui partent alors s’installer en banlieue.

    Quant à Panhard, son dernier bâtiment, au bout de l’avenue d’Ivry et de la rue Nationale, a été rénové en 2013. Il héberge le siège social d’une filiale de la SNCF, Gares & Connexions, et d’une agence d’architecture. Une simple plaque rappelle l’importance du lieu dans l’histoire de l’industrie. On peut y lire : « Ici naquit l’industrie automobile en 1891 ».

    Des exemples comme celui-ci sont très nombreux, ils ont forgé l’âme de cet arrondissement. Retrouvez les, ainsi qu’un parcours guidé pour promeneurs à la rencontre de ces lieux oubliés, localisés sur une carte. Un très beau dossier à ne pas rater.

    D.L

    Le 13 du Mois en pratique :
    Mensuel vendu 3,90 €
    Sortie chaque… 13 du mois