Avec l’accroissement de la population, la place vint à manquer dans les cimetières. Dès le XVIe siècle, se posèrent des problèmes de santé publique et de propagation de maladies. Des caves s’effondrèrent sous le poids des fosses communes. Il y avait urgence et les galeries venaient à point pour recevoir les restes des vieux parisiens. La mission fut confiée à l’architecte du Roi, Charles-Axel Guillemot, celui que Graham Robb désignera dans son livre Une Histoire de Paris par ceux qui l’ont fait comme « l’homme qui sauva Paris ». Le membre éminent de la loge des neuf sœurs, que fréquentaient également Voltaire et Benjamin Franklin, officia dans ce service jusqu’à sa mort en 1807. Signe du destin : le jour de sa prise de fonction, une maison de la rue d’Enfer s’abîma dans une carrière vingt mètres sous le pavé parisien.
Le 7 avril 1786, la carrière de la Tombe-Issoire fut bénie et consacrée. À la tombée de la nuit, se formait un cortège de chars funéraires drapés de noir, de prêtres chantant l’office des morts et de porteurs de torches précédés des architectes et de Guillemot en personne. Dans un puits de service de la carrière, ils déversèrent pêle-mêle les ossements funéraires. Cet ossuaire fut nommé « Catacombes » en souvenir de celles de la Rome antique, qui ont accueilli les premières dépouilles de chrétiens. Pour d’autres, c’était le « monument du trépas »
Il faudra ensuite près de deux années pour y déposer tous les ossements du cimetière des innocents, situé dans le quartier des Halles, alors le plus grand de Paris. Ensuite, pendant un siècle environ, pas moins de dix-sept cimetières y seront également déménagés et les nouvelles inhumations auront lieu hors le mur des fermiers généraux : Montparnasse, Montmartre et Père Lachaise. Certains des Parisiens les plus illustres ont définitivement élu domicile dans les catacombes : Rabelais, La Fontaine, Lavoisier, Colbert, Louvois, Mme de Pompadour, Charlotte Corday, Danton et Robespierre. D’autres sont anonymes comme les victimes de la Saint-Barthélemy ou les Suisses du 10 Aout 1792. Longtemps sujettes à des légendes effroyables et insolites, les galeries sombres font désormais partie du patrimoine touristique parisien.Arrête, c’est ici l’empire de la mort (*)
L’électricité y fut installée en 1983 seulement ! Ces 17 km de souterrains avec une hauteur sous les voûtes de 1m 80 et une température de 14°C ont été parcourus par plus de 307.890 visiteurs l’an passé. Ils suivent la topographie des rues parisiennes, figée au siècle des lumières : l’avenue René-Coty s’appelle toujours l’avenue de Montsouris. C’est aussi dans ces cryptes tapissées d’ossements, sous l’œil même des morts qu’agonisèrent tant de visages de la semaine sanglante. Pensant y trouver refuge, les fuyards de la commune de Paris y laissèrent la vie sous les baïonnettes des versaillais. Ce guide des catacombes détaille le parcours du visiteur dans l’ossuaire mythique et donne les détails de son histoire mouvementée qui ne cesse de fasciner les petits et les grands.
Oh ! Quelle histoire sortirait de cette enceinte, si les morts pouvaient parler - L.Seb Mercier
D.L