L'équipe menée par Richard Rogers a présenté une étude sur l'économie de l'information et les flux de données à grande échelle qui touchent à la planification de Paris quand l'équipe menée par Philippe Gazeau travaillait sur logistique de fret. Le leader qui a vraiment assumé la direction de ce nouveau travail, basé sur la quantification et les faits, était Christian Devillers. L'équipe Devillers a exécuté une analyse cartographique quantitative de mouvement et est arrivée à la conclusion que le Grand Paris est constitué de "bassins vivants" avec un degré significatif de cohérence. L'équipe a défini vingt de ces bassins, avec des caractéristiques très différentes. Par exemple, le bassin centré sur Versailles et Saint-Quentin-en-Yvelines est très autonome, avec une grande proportion des gens qui vivent et travaillent à l'intérieur du domaine. D'autres, comme le bassin centré sur Roissy, le site du plus grand aéroport de Paris, ont une portée extrêmement large et très connectée avec ses domaines voisins. Cette analyse a permis à Devillers de souligner la quantité très limitée de transports en commun à l'échelle "des bassins vivants" et la politique qui a soutenu et facilité le transport longue-distance au détriment des connexions locales dans ces bassins.
La suite logique de ce travail doit donner plus de consistance à ces constructions comme communautés cohérentes à l'intérieur du Grand Paris. Conformément au souhait d'un certain nombre d'équipes, cela permettra de créer "de nouvelles centralités" dans ce qui est actuellement la banlieue de Paris et surmonter la réalité actuelle d'une région métropolitaine avec un seul centre réel. De façon intéressante, d'autres participants ont rejeté cette idée de Devillers en partant du principe que "les bassins vivants" sont très différents en matière de composition ethnique, socio-économique, démographique et que ce renforcement d'identité augmenterait les disparités et la ségrégation, à l'inverse de l'ambition affichée. Une objection intéressante, mais qui n'enlève rien à la valeur du travail de Devillers.
La conférence venait à point, avec la loi créant la nouvelle entité métropolitaine pour Paris (2015) et dans le stade final d'autorisation législative. Roland Castro fut éloquent dans sa critique des parlementaires, donnant au futur Grand Paris un périmètre illogique qui exclut des zones importantes pour des raisons d'opportunité politique et pour supprimer les entités inter-municipales qui commençaient juste à fonctionner. Mais généralement, l'humeur était d'accepter la loi votée, même si peu satisfaisante et seulement incrémentale, et d'avancer vers les batailles suivantes.
L'équipe menée par MVRDV (Maas, Van Rijs, De Vries) est revenue à la réalité en rappelant à tout le monde que la structure byzantine du gouvernement français restait un inconvénient compétitif majeur. Tant que nous ne simplifions pas radicalement l'organisation en réduisant résolument le nombre de municipalités en France, en éliminant certaines, et en réduisant de beaucoup les couches de gouvernement tout en ajoutant une responsabilité démocratique, la lisibilité par les électeurs sera réduite et il sera très difficile d'agir efficacement. Castro a aussi rejoint l'idée initialement élaborée par Yves Lion et l'équipe Descartes de réunir les arrondissements extérieurs de Paris avec les villes adjacentes. Cette proposition ramènerait le cœur historique de Paris à ses limites de 1860, qui permettraient clairement de se concentrer sur le maintien du caractère historique du centre, tout en permettant des formes différentes d'évolution dans les arrondissements extérieurs. Bien sûr, l'autre avantage serait de créer de nouveaux liens organiques au-dessus de la limite du périphérique.
Malgré cela, la discussion du jour était malheureusement trop vague. En partie, car le format de la conférence laissait beaucoup de temps à l'expression politique et aux introductions générales, mais aussi un temps comiquement court pour les experts et leur contenu. L'impression générale fut que le travail demandé par l’AIGP est trop général, hors du contexte qui est maintenant dans sa phase opérationnelle. Le Grand Paris Express arrive maintenant sur le terrain par endroits comme le Carrefour Pleyel, Roissy, Saclay etc. mais la discussion entre experts reste toujours en grande partie au niveau de la consultation de 2008, malgré les efforts de la direction AIGP pour répondre aux questions plus spécifiques.
Comme il a été indiqué, en contraste avec les autres agences de planification du Grand Paris : l’APUR et l’IAU, il n'y a actuellement aucune connexion de l'AIGP avec une institution qui pourrait mettre en œuvre n'importe laquelle de ses recommandations. Christian de Portzamparc insistait vigoureusement sur le problème du travail mené par AIGP qui serait marginalisé s'il n'est pas maintenant concentré sur l'action. Il semble que cette entreprise soit à un carrefour majeur et que chemin pris jusqu'ici n'est plus une réelle option si l'organisation doit conserver sa pertinence.
http://www.ateliergrandparis.fr/ressources/cartemetropole/
Article traduit par D.L à partir d’un article de S.Kirkland : http://stephanekirkland.com/new-thinking-for-grand-paris/
AIGP : Atelier International du Grand Paris (www.ateliergrandparis.fr) est un groupement d'intérêt public (GIP) créé en février 2010 sur la volonté de Nicolas Sarkozy, président de la République et chargé de mener une réflexion sur le Grand Paris. Cet atelier se distingue de la société du Grand Paris (SGP). Il a pour mission de mettre en œuvre des actions de recherche, de développement, de valorisation et d’animation liées aux enjeux du Grand Paris. Il constitue un lieu d’expérimentation, de création et de diffusion. Il s'appuie pour cela sur un Conseil Scientifique initialement formé par les dix équipes pluridisciplinaires de la consultation internationale du Grand Paris et qui comporte aujourd'hui quinze équipes menées par des architectes-urbanistes.
SGP société du Grand Paris : Il accompagne la réalisation et les choix concernant la création du réseau de transport Grand Paris Express.
APUR : Atelier parisien d’urbanisme au sujet des projets liés à Paris et sa couronne. Vient du conseil de Paris.
IAU : Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Île-de-France.
En décembre 2013, Après 10 ans de recherches et de débats, le schéma directeur régional a été validé et les crédits pour le métro du Grand Paris confirmés. Dans une dizaine d’années, le reliera entre eux les principaux pôles urbains de la métropole, de Roissy à Saint-Quentin-en-Yvelines en passant par Nanterre ou Champigny-sur-Marne. C’est précisément en suivant le tracé du futur Grand Paris Express que les auteurs du livre “Le piéton du Grand Paris” ont parcouru, à pied, une boucle de 300 kilomètres en partant de l’aérogare 1 de Roissy-Charles-de-Gaulle. Une trentaine d’étapes plus tard, ils livrent à travers ce livre le récit d’un voyage singulier aux franges de l’agglomération parisienne, fait de rencontres et de détours, d’histoires ordinaires et extraordinaires.
Guy-Pierre Chomette mêle habilement l’anecdote et l’évènement historique pour nous faire entrevoir la complexité de la banlieue et de ces territoires périurbains, “terra” encore trop largement “incognita”. À travers ses photographies, Valerio Vincenzo double cette enquête d’étonnantes images d’une métropole en métamorphose.
http://www.parigramme.com/livre-le-pieton-du-grand-paris-368.htm