L'auteur a choisi une suite de thèmes sur la ville, illustrés de dessins et de paragraphes synthétiques. On y retrouve les éléments qui donnaient sa vigueur à la ville du moyen âge : la Seine, beaucoup plus animée qu'aujourd'hui, et ses rues, grouillantes d'activité le jour, mais vides la nuit venue. Une cité d'artisans, de commerçants, d'enseignes tassées les unes contre les autres ou séparées par une rue fétide où se mélangent animaux en liberté, détritus et eaux usées : une sorte de grosse ferme qui se décharge dans la Seine. En 1131, le cheval du fils du roi Louis VI est heurté par un cochon dans une rue de la rive droite, le prince tombe et en meurt : On interdit alors la circulation des porcs dans les rues... c’est tout dire !
Plus propice aux rêves des enfants, son enceinte circulaire dessine un gros château fort avec ses portes, ses douves, ses fossés tandis qu'au-delà s'étale à perte de vue une campagne de laquelle se détachent des moulins, des fortins ou des clochers d'abbayes. Intra-muros, Quelques rares ponts avec péage sont couverts de maisons, menacées par les crues du fleuve qui les emportent régulièrement. Le parisien côtoie quotidiennement la maladie et la mort et s'en remet à la providence pour son salut. Esclaves de terribles épidémies qu'on ne sait pas soigner, les enfants, les pauvres, les faibles sont les premières victimes et s'en remettent à la foi et aux institutions religieuses : abbayes, monastères, couvents, églises... La peste noire de 1348 emporte le quart de la population. Le médecin s'efface devant le prêtre et un saint souvent plus utile qu'une médecine.
D'ailleurs, de cette ville, qui fut la plus peuplée d'Europe au Moyen Âge, il ne reste plus une seule maison. Les plus anciennes sont du XVe siècle, une période passerelle avec la Renaissance. Quelques rares édifices religieux sont toujours à leur place, point d’orientation avec la Seine et les enseignes devant chaque boutique dans une ville sombre où il était difficile de se repérer.
L'année est rythmée par le calendrier des saisons et des jours saints, les fêtes sont nombreuses, comme les processions et alternent avec des marchés et des foires, occasions d'échanges, de commerces et raison d'être de la ville. Les professions sont réglementées et regroupées par corporations sous la protection d'un saint patron. La journée suit le rythme du soleil et le travail est interdit la nuit en raison des risques d'incendie. Les repas occupent une place essentielle dans la journée : trois par jour qui nous ont laissé le déjeuner (qui se prend chez le patron), le dîner et le souper.
Paris est aussi une ville universitaire où dix mille maîtres et étudiants circulent dans son quartier qui ne parle que le Latin. Là encore, c'est l’Église qui organise, règlemente, protège et certifie les savoirs. L'évêque siège à Notre Dame, édifice majestueux symbole de sa puissance. Les autres autorités de la ville sont le prévôt des marchands, qui représente les corporations dans sa maison de la place de Grève et le Roi, arbitre des conflits et protecteur de la ville, d’abord dans l’île de la Cité, puis au Louvre et à l’hôtel Saint-Pol à la fin du moyen âge.
Le jeune lecteur trouvera à la fin de ce livre une liste intéressante des survivants de cette époque à visiter avec ses parents ou son école (?) : la maison de Nicolas Flamel, rue de Montmorency ou le 31 rue Galande, qui sont des maisons de la fin du moyen âge. D'autres vestiges sont visibles : l 'enceinte de Philippe Auguste au Louvre, entrée carrousel ou dans le parking du 27, rue Mazarine. Il pourra également voir la demi-douzaine d'églises qui restent de cette époque, la Sainte Chapelle ou le dernier cloître : celui des billettes, mais aussi la fontaine Maubuée, qui n'a conservé que son nom, la conciergerie et son horloge, restaurée récemment et enfin les rares maisons seigneuriales qui sont parvenues jusqu'à nous comme la Tour Jean sans Peur ou l'hôtel de Sens
... Un beau programme pour compléter ce livre.