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  • les 450 ans du Lycée Louis-le-Grand




    À la fin de 1563, alors que se ferment, à Rome, les portes du Concile de Trente, s’ouvrent, rue Saint-Jacques, celles du collège de Clermont. Guillaume du Prat, évêque de Clermont, qui avait rencontré Claude Le Jay lors du concile, invite les jésuites à ouvrir un collège dans son hôtel parisien. Les pères comptent mettre en œuvre les nouveaux principes catholiques définis par le pape et les évêques : éducation, ouverture au monde et foi dans les œuvres réaffirmés face aux “fides solis”  et “sola scriptura” de la réforme luthérienne Étoile

    Pendant trente ans, le succès sera considérable, à partir de six « pauvres escholiers » et la particularité, unique pour l’époque, d’être gratuit dans la  multitude des collèges de la montagne Sainte-Geneviève.
    En 1594, le roi ex-huguenot Henri IV est frappé d'un coup de couteau par Jean Châtel et on découvre que l'auteur de ce geste a été autrefois élève de ce “Collegium Societatis Iesu”. En dépit de l’absence de preuves ou de lien avéré, la compagnie de Jésus est interdite une première fois, ses membres bannis, leur collège mis sous séquestre, les biens et les meubles vendus. Le père jean Guignard, bibliothécaire, est pendu, puis brûlé en place de Grève. Les jésuites formant un ordre religieux voué à l’éducation et dépendant exclusivement du pape, leur loyauté à l’égard de la monarchie et de la hiérarchie ecclésiastique a toujours été sujette à caution.

    Disputatio entre clercsIl faudra attendre 1618 pour que le  collège recouvre l’intégralité de ses droits à l’enseignement. Réputés pour identifier très tôt les meilleurs élèves, les pères en robe noire délivrent un enseignement centré sur la Rhétorique, science du discours préalable à la classe de Philosophie et sa gymnastique des idées. Au sein de classes d’une centaine d’élèves, les meilleurs : “imperators” sont au premier rang, mais tous sont groupés par dizaines avec un “décurion” chargé de recevoir la leçon de théologie, de poésie ou de latin
    . Une organisation très romaine, couplée à la discipline exigeante qui va de pair. L’élève brillant est mis à l’épreuve dans sa capacité à respecter les règles du discours antique (inventio, dispositio, elocutio, memoria, pronunciatio) et de débattre “disputatio” avec ses semblables. Épreuve qui fait appel à ses connaissances mais également à sa capacité gestuelle et vocale.

    Lycee Louis-le-Grand dans le Plan TurgotAu cours du Grand Siècle, on compte près de 3.000 élèves, boursiers, internes ou externes et de nombreuses futures célébrités dans ce qui deviendra le collège royal Louis-le-Grand en 1684 : le cardinal de RetzSaint-Evremond, Cyrano de Bergerac, Charles Perrault, Louis Bourdaloue, Molière, Claude Chapelle, Armand de Conti, François de Bernis, Nicolas Fouquet, qui lui laissera 22.000 livres, fréquenteront le collège. Au XVIIIe siècle, une liste prestigieuse dans laquelle se trouvent Turgot, Voltaire, Diderot : une forte tête qui sera renvoyé, Parmentier, Maupéou, le marquis de Sade, Saint-Just, Camille Desmoulins et son ami Robespierre. Ce dernier y reçoit une gratification de 600 livres pour ses “talens eminens”. L’École des Jeunes de Langues y est établie en 1669 par Colbert pour former des interprètes en turc, arabe et persan, les élèves y sont reconnaissables, car habillés à la mode levantine. Le collège est alors également le théâtre de fêtes somptueuses comme celle donnée en l’honneur de la naissance du duc de Bourgogne en 1682 ou de concours d’énigmes : jeu consistant à découvrir un objet, une idée ou un personnage à l’aide d’une description versifiée.

    Enigme joyeuse pour les bons esprits
    En 1762, les jésuites sont expulsés du Royaume à la suite du scandale financier causé par le père Lavalette et le collège reçoit l’ordre de congédier maîtres et élèves. L’Université de Paris tient sa revanche après deux siècles de concurrence et annexe l’établissement qui devient le siège principal des docteurs en hermine.


    Devenu « Collège Égalité », il traverse la tourmente révolutionnaire avec vitalité puisque c’est le seul établissement parisien à rester ouvert, même s’il héberge temporairement des soldats et des prévenus. En 1798, il devient l'établissement républicain modèle sous le nom de « Prytanée français »  et tout ce qui reste des quarante collèges parisiens de l’Ancien Régime y est regroupé. Puis, premier établissement en France à recevoir le titre de lycée, il devient avec Napoléon en 1805 : le « Lycée impérial ». Il reprendra son vrai nom sous la Restauration et verra défiler dans sa fameuse galerie cochère un nombre conséquent d’élèves illustres : Hugo, Baudelaire, Théophile Gautier, Littré, Hachette, Degas, Delacroix, Géricault etc. et de très nombreux futurs scientifiques comme Galois, Poincaré, Chasles, Le Verrier, Belgrand ou Becquerel.

    Au cours du temps, le lycée qui avait déjà annexé de nombreux collèges voisins changea souvent d’aspect et fut reconstruit en 1893 autour de son noyau historique. Il prend son visage actuel lors de la rénovation importante de 1995 qui lui donne une physionomie à la fois simple, éthérée et respectueuse d’une longue tradition d’excellence.

    Description du programme et calendrier des festivités : http://www.louislegrand.org/index.php/hier-et-aujourdhui-articlesmenu-29/450eme-anniversaire
    Étoile fides solis : la foi seule ;  sola scriptura : l’écriture seule