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  • La demeure médiévale à Paris : une exposition contrastée à l’Hôtel de Soubise



    Les Archives Nationales nous proposent depuis mi-octobre une exposition sur la maison du Moyen Age à Paris. Une exposition qui aurait pu être exceptionnelle, mais qui n’arrive pas à gommer de nombreux défauts. Et pour commencer, elle est déjà terminée…trois petits mois seulement, en période de fête et en tenant compte de la concurrence muséale redoutable en cette fin d’année, c’est une programmation un peu sévère. J’ai même failli la louper ! C’est bien dommage, car le sujet est ambitieux et passionne les visiteurs si j’en juge par l’affluence à l’intérieur…mais ce n’est pas tout…

    On doit manquer de place aux Archives Nationales, car l’exposition est pliée en deux dans une seule pièce, si l’on excepte celle, consacrée aux éléments d’intérieur : une dizaine en tout et pour tout, coffre, chaire, éléments de cuisine etc. J’ai d’ailleurs trouvé admirable qu’on nous informe que la chambre était la pièce la plus importante au Moyen Age, ce qui est parfaitement exact, mais qu’ils n’ont pas eu la place de mettre un lit dans la  pièce ! C’est très surprenant alors que le rez-de-chaussée de l’hôtel accueille une exposition, sur la Lituanie, qui bénéficie d’un espace aussi grand (!) et dans lequel il n’y a personne, à l’exception d’enfants qui en font leur aire de jeu. De ce fait, on se bouscule allègrement dans les deux allées de l’exposition sur la demeure médiévale et sous un éclairage nettement insuffisant pour lire les panneaux.

    Dessin du Moyen Age montrant un ensemble de maisonsCes problèmes d’organisation visibles et gênants continuent : le visiteur n’a même pas droit à un fascicule de présentation ou de souvenir mais également personne ne semble s’être donné la peine de réaliser la moindre séquence vidéo ou interview de l’évènement. C’est désolant.

    Cela ne doit cependant pas masquer une démarche sérieuse et intéressante à certains endroits du parcours. Je dirais même : excellente, concernant la médiatisation de certaines séquences comme les écrans “plan de Paris avec les demeures et leur histoire” sous logiciel ou encore l’admirable réalisation 3D sur la construction d’une maison à pignon. L’audio est hélas quasiment inaudible pour ne pas gêner les autres visiteurs dans un espace aussi restreint. J’avoue que j’aimerais bien pouvoir revoir ces médiatisations “à tête reposée” mais je doute qu’elles soient disponibles pour le grand public sur le web ou ailleurs. Elles vont, sans doute, disparaître ensuite. C’est bien dommage, car elles auraient sûrement attiré beaucoup de visites sur le site de la maison de l’Histoire de France ou sur le mien, par exemple Clignement d'œil

    Maison de Nicolas Flamel. La plus vieille maison de ParisLe sujet est, bien naturellement, d’un très grand intérêt, car il n’existe plus de maisons médiévales à Paris et on souligne à juste titre que l’essentiel des recherches et travaux aujourd’hui concerne les caves ou les celliers, comme celui de La maison d’Ourscamp, remarquablement rénové (avec d’ailleurs une vidéo à ce sujet). Ces curiosités sont encore près d’une centaine à Paris mais difficiles d’accès. 
    Le Paris ancien ayant disparu, l’essentiel de l’exposition tourne autour de constructions de la fin de l’époque médiévale comme la Maison de Nicolas Flamel (la plus vieille de Paris : 1407) ou les hôtels particuliers de Cluny (actuel Musée du Moyen Age – 1490?) , de Sens (bibliothèque Forney - 1475) ou de Bourgogne (Tour-Jean-Sans-Peur - 1410) dont on voit de belles maquettes et bien entendu l’Hôtel de Clisson (1380) puisque nous y sommes, pour le compte. Je n’ai rien vu sur le Château de la Reine Blanche, dont certaines parties ne sont pourtant guère postérieures (~1500).  
    Les maisons sur les ponts de la Seine, un sujet toujours passionnant et controversé sur la motivation de ces constructions (alourdir les ponts, commerce ?) compte tenu du danger, se réduit comme peau de chagrin dans un coin sombre.

    Textes relatifs aux maisons de chanoines et collègesLes pièces les plus intéressantes en dehors de la médiatisation sont, de loin, les nombreux documents présentés, par exemple sur les transactions immobilières royales liées à l’hôtel Saint-Pol ou cet interrogatoire de maçon qui fit tomber sa truelle sur la tête d’un enfant. J’ose à peine vous parler de la décoration extérieure, tellement le sujet est bâclé, vous ne verrez pas une seule enseigne de boutique, alors que chaque maison avait sa boutique. Un mobilier probablement trop encombrant.

    Il est temps que cet établissement, qui porte pourtant le nom de Musée de l’Histoire de France, éprouvé sûrement par les polémiques (oubliées ?) sur les déménagements en cours,  retrouve la sérénité et la place nécessaire pour monter des expositions à thèmes ambitieux comme celui qui nous est proposé. Le devoir reste à refaire. Il est par contre agréable de noter, pour terminer sur une note positive, que les jardins des Archives Nationales sont maintenant ouverts au public même si la peinture semble encore fraîche puisqu’il y a encore des grillages peu esthétiques. Bientôt une exposition dans les jardins ?

    Exposition du 17 octobre 2012 au 14 janvier 2013
    Hôtel de soubise
    Archives nationales
    60, rue des Francs-Bourgeois
    75003 Paris
    http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/musee/exposition-demeure-medievale.html

    voir le diaporama photo sur le site de l’Express.