Eugène Atget et Paris au Musée Carnavalet
L’ancien hôtel de la marquise de Sévigné nous propose une rétrospective de
230 photographies réalisées à Paris entre 1898 et 1924
par Eugène Atget (1857-1927), photographe et collectionneur.
Le musée en possèderait dit-on 9500 ! Autodidacte, le photographe vend son travail sur les anciennes rues de Paris à ce musée ou à la Bibliothèque Nationale qui sont ses principaux clients. Témoignage du Paris typique, artistique ou pittoresque épargné par les démolisseurs : des boutiques disparues, les anciennes guinguettes des fortifications, les vieux cabarets de la rue de Lappe, la Bièvre, la cour de Rohan, l’impasse Barbette, la rue Hautefeuille, la rue de Nevers, l’impasse charretière, les zoniers, la maison de Mimi pinson au 18 rue du Mont Cenis etc.
Beaucoup de lieux célèbres qu’on a un plaisir fou à retrouver. Des images d’un autre temps dont certaines sont médiatisées sur une carte d’époque d’un Paris où l’avenue Foch s’appelait encore l’avenue du bois de Boulogne. Le Paris de cette époque, ce sont les anciens métiers des rues comme ce vendeur d’abat-jour de la rue Lepic à Montmartre, mais aussi beaucoup de zoniers et beaucoup de filles, de nus, de prostituées, photos qui intéresseront beaucoup les surréalistes mais beaucoup moins le musée qui ne les a, semble-t-il pudiquement, pas conservées.
Atget vendait aussi aux peintres du Montparnasse des années folles, comme Vlaminck, Chirico, Derain, Foujita, ses galeries de boutiques et de belles filles. Il vivait à côté, au 17 bis rue Campagne-Première. Il est amusant de noter que Man Ray, grand amateur du travail d’Atget dont l’album de collection, conservé à Rochester, figure aussi à l’exposition vivait à deux pas de là au 29, avec Kiki, sa jolie brune au grand cœur et la rose dans les cheveux. Utrillo, autre client du père Atget, habitait également dans la rue et ses toiles décoraient le petit restaurant Rosalie, qui se tenait au numéro 5, la providence des artistes en guenilles.
Au final, on sait assez peu de choses sur lui. Qu’il était orphelin très jeune, un temps marin, puis acteur ambulant sans succès, enfin peintre raté. C’est principalement sa conception d’une photographie bien choisie, avec une ligne de fuite précise, des cadrages et une lumière naturelle, sans apports externes ou transformations qui plaisaient. Cela, avec un appareil à soufflet traditionnel et aux poses longues en noir et blanc, alors que les premières photographies couleur de Paris datent de 1905. Une abondance extrême aussi dans la production qu’on peut estimer à plus de 20.000 tirages.
”Ce ne sont que des documents, des documents pour artistes que je fais”.
Eugène Atget se défendra toujours d’être un artiste. Pourtant, âgé, il sera inquiet de l’avenir du travail de sa vie au point d’en faire état au ministère de la culture. Cette énorme contribution sera heureusement préservée et principalement rendue célèbre, après sa mort en 1927 grâce à Bérénice Abbott, qui fut l’assistante de Man Ray, rue Campagne-Première.
Carnavalet accueille Eugène Atget par mairiedeparis
NDLA : voir aussi à ce sujet : http://www.lesparisdld.com/2012/05/historiquement-show-eugene-atget-paris.html
Du 25 avril au 15 juillet à l’
Hôtel Carnavalet
23, rue Sévigné .
http://carnavalet.paris.fr/fr/expositions/eugene-atget-paris