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  • Les adieux à la Reine de Benoit Jacquot


    Bon sang ! mais qu’ils furent longs à venir ces adieux ! Je scrutais ma montre dans le noir toutes les cinq minutes. Quel ennui. Je ne m’attendais pourtant pas à une “nuit de Varennes” d’Ettore Scola ou un “Ridicule” de Patrice Leconte, pas même une copie, un petit peu, mais c’était déjà trop demander. Un sujet : Versailles. Une date : 1789. Une femme : Marie-Antoinette (Diane Kruger). Non pas Une : Deux , une lectrice (léa Seydoux) observatrice aux yeux bizarres. Trois, la comtesse de Polignac (Virginie Ledoyen). Et d’autres, çà et là, livrées à l’œil lubrique de la caméra. On surfe sur les anachronismes des évènements, des dates et du langage, les sous-entendus, les demi-mots, le demi-érotisme, la demi-mesure qui cherche à se faire passer pour de la profondeur d’intrigue ou de sentiments. Dans quel but ? Montrer quoi ? La chute de la cour de Versailles ? La Révolution ?

    Non, tout cela n’est que prétexte. A mon sens, le vrai but de ce film est de filmer des femmes et de faire tourner de jeunes actrices en devenir et leur offrir de belles robes et le château de Versailles pour se mettre en valeur. Pour cela, Benoît Jacquot se sert d’un roman de Chantal Thomas et d’un refrain connu depuis la Révolution : Le laissez-aller qui régnait au Petit Trianon, gonflé par les pamphlets révolutionnaires, les espions anglais, les rumeurs traînantes dans Paris sur la nature frivole de la Reine et son penchant pour l’oisiveté et les plaisirs charnels, diffusées par les écrivaillons du Palais-Royal, qui gagnaient leur misérable pécule en vomissant leur prose sur la famille royale, sur l’affaire du collier, sur la princesse de Lamballe.

    Il manquait d’ailleurs une femme, puisque c’est de cela dont il s’agit, dans cette reconstitution. Celle qui suivit les Parisiennes (dont beaucoup étaient des hommes déguisés en femmes) dans Versailles les 5 et 6 Octobre 1789 : Olympe de Gouges. La “tricoteuse” de J.Michelet qui écrivit la fameuse “déclaration des droits  de la femme et de la citoyenne” et qui, à force de demander l’égalité, finira guillotinée sous la terreur. Pas d’Olympe dans le casting.

    Il n’y avait guère que Julie-Marie Parmentier pour me raccrocher à cette histoire, je faisais mon Benoît Jacquot : je regardais une jolie fille qui se promène dans le château de Versailles. Quand nous fûmes libérés de cette geôle en Technicolor, je pensais à Fellini qui déclarait filmer dans son Casanova une société inutile et des personnages inutiles. Il peut aussi y avoir des films inutiles, la preuve. Quant à Marie-Antoinette, il faudra bien un jour qu’on la laisse tranquille. Des femmes légères, dans l’Histoire, ce n’est pas ce qui manque, tout comme en France, des châteaux.