En 1905, Sarah Bernhardt joue Floria Tosca au théâtre lyrique de Rio de Janeiro. Elle s’apprête à mourir pour la millième fois, elle se prépare pour sauter d’un château Saint-Ange en carton pâte, scène finale de la tragédie et regarde insensiblement la fosse : elle voit qu’ils ont oublié le matelas. La grande tragédienne décide alors de sauter « Quand même »
Elle sera la seule à avoir droit à une journée nationale en son honneur de son vivant (09/12/1896), un privilège que même Victor Hugo, un de ses admirateurs, n’a pas eu. Première femme aussi à figurer sur un timbre poste, elle laissera pourtant des liasses de dettes et tous ses biens seront vendus et dispersés. Il restera le souvenir de la Belle Epoque, de son talent et une montagne de témoignages élogieux. C’est bien cette atmosphère que le musée Maxim’s et particulièrement Pierre-André Hélène font revivre au milieu des collections exceptionnelles Art Nouveau de Pierre Cardin. De l’étrange au sublime, au milieu des lampes extraordinaires en pâte de verre de Tiffany, où les courbes magiques du mobilier et les miroirs d’argent embellissent un appartement d’une courtisane de cette époque qui, pourtant, ne dura qu’une quinzaine d’années.
Maxim’s doit sa fortune au génie de Maxime Gaillard et d’Eugène Cornuché qui surent faire de leur restaurant un endroit célèbre autour des années 1900. Ils poussaient des courtisanes tranquilles à “faire la devanture” afin que les beaux messieurs qui passaient rue Royale puissent les admirer jusqu’à entrer dans le restaurant, accompagnés, ou pas, de leurs propres conquêtes. C’est l’époque de la belle Liane de Pougy et de Caroline Otéro. Sarah, elle-même, est fille de courtisane et née de père inconnu, mais recommandée par Morny, amant de sa mère.
“Dès les premières répliques de cette voix vivante et adorable, il m’a semblé que je la connaissais depuis toujours. Cette façon d’enjôler, d’implorer, d’étreindre ; incroyables, les attitudes qu’elle prend, la manière dont elle se serre contre quelqu’un, sa façon de mouvoir ses membres et la moindre de ses articulations. Curieuse créature…” Sigmund Freud après avoir vu “Théodora” à la porte Saint-Martin.
A la fois divine et scandaleuse, elle aura un fils, Maurice et de nombreux amants, mais surtout une amitié profonde avec celle qui fit d’elle certains portraits que vous pouvez voir à l’exposition : Louise Abbema. Amie d’avant, de maintenant et de demain dans l’au-delà comme elle disait. Sarah vivait au 56 boulevard Pereire, au milieu d’une cohorte d’animaux exotiques comme le fameux crocodile aligaga qu’elle abattît elle-même d’un coup de révolver après qu’il eût dévoré son fox-terrier. Exotique, au point de vouloir se faire greffer une queue de tigre au bas des reins … elle mettait en scène sa vie comme personne ne le fît avant elle. Ce qui lui valut une publicité internationale jusque dans les plaines de l’ouest américain où elle joue Phèdre devant des indiens, ou au tréfonds de la forêt amazonienne, à Manaüs, quand on construit un opéra pour elle.
A lire au sujet des pièces présentées dans cette exposition : Sarah Bernhardt, invitée privilégiée du musée Maxim’s (Auror' Art and Soul)
CultureBox : présentation de l’exposition.
Marianne Durand-Lacaze reçoit Pierre-André Hélène sur Canal Académie.
6 Novembre 2011 - 15 mars 2012 Du mercredi au dimanche inclus . Fermé lundi et mardi. Visites commentées à 11h, 14h, 15h15 et 16h30 : 15€. Musée Maxim’s. 3 rue Royale 75008 Paris. 0142653047