Le musée du Louvre organise cet été des visites gratuites du jardin des Tuileries, commentées par un conférencier. Le rendez-vous est fixé devant l’Arc de triomphe du Carrousel.
Ce monument, un peu perdu aujourd’hui sur cette esplanade, est une réplique de l’Arc de Septime Sévère à Rome. Il fut construit par Percier et Fontaine pour Napoléon Ier en souvenir de la victoire d’Austerlitz (1805) et se trouve sur le lieu d’un ancien manège pour chevaux, d’où son nom. Au sommet figure une copie du quadrige de chevaux en bronze de la basilique St Marc à Venise. L’original, volé lors de la campagne d’Italie a dû être restitué après Waterloo, mais il avait déjà été volé par les Vénitiens aux Grecs de Constantinople lors de la croisade de 1204.
L’Arc de triomphe était l’entrée du Palais des Tuileries. Encadré de grilles de chaque côté, il en constituait l’accès privilégié et solennel. Le palais, brûlé par la commune de Paris en 1871, se trouvait entre les pavillons de Flore et celui de Marsan qui constituent, de nos jours, les extrémités Ouest du Louvre. Catherine de Médicis le fit construire suite à la mort d’Henri II dans leur résidence de l’Hôtel des Tournelles qu’elle ne pouvait plus supporter après l’accident qui coûta la vie au Roi. Finalement, elle renonça à l’habiter en raison de sombres prédictions de son astrologue qui affirmait qu’elle s’éteindrait près de Germain, qu’elle prit pour l’Église Saint-Germain-l’Auxerrois, face au Louvre.
Ce palais sera célèbre par la suite pour être le théâtre de la fin de la monarchie, le 10 août 1792, puis la résidence de Napoléon Ier, de la Restauration de la monarchie et surtout de Napoléon III qui réalisa le “grand dessein”, traduisez, la réunion de ce palais avec celui du Louvre. Régulièrement, il est question de le reconstruire (le mobilier ayant été conservé) mais ce projet ambitieux a de nombreux opposants, pour des questions budgétaires, mais surtout idéologiques. Il semble que le projet soit au point mort. Le palais s’ouvrait sur le jardin des Tuileries qui fut d’abord un jardin à l’italienne, souhaité par Catherine puis dessiné par André le Nôtre en jardin à la française, typique, avec sa grande allée centrale et ses deux bassins reconnaissables sur de nombreuses gravures (1664).
Vers l’aile Sud du jardin se trouvent quelques restes de l’ancien palais, entassés derrière des grillages.
Le jardin des Tuileries appartient au Musée du Louvre, qui en a la gérance. L’idée du moment est donc de le transformer en musée en plein-air avec des œuvres d’art éparpillées, çà et là, comme l’arbre des voyelles de Pennone, souvenir de la tempête de 1999 au milieu d’un espace vert bouleversé. Sur le chemin, on rencontre de nombreuses statues qui ont chacune leur histoire et se fondent dans cet ensemble d’une richesse incroyable. Par exemple, le joli petit bassin d’Hippomène et d’Atalante.
C’est un peu le problème de ce jardin, qui est sans aucun doute le plus riche, le plus varié de Paris, mais auquel manque une cohérence, une unité. Quasiment en chantier permanent depuis 1990, il est à la fois : jardin historique massacré, musée en plein air, jardin botanique, jardin potager, lieu de promenade pour touristes, bol d’air pour les riverains, fête foraine avec sa Grande-Roue. Il n’a pas su trouver son style. Encadré par trois musées (Louvre, Orangerie, Jeu-de-Paume), il fait plutôt figure d’autoroute touristique et populaire, combien s’y arrêtent réellement pour admirer ses richesses ? Il est vrai qu’une bonne pédagogie est nécessaire pour faire apprécier la promenade sur les terrasses ou les fossés de l’ancien accès au jardin privé de Napoléon III. Ce n’est pas simple. C’est l’idée du musée du Louvre qui organise ces visites gratuites pour intéresser aux mille-et-une merveilles du jardin.
Cependant, la vraie question reste posée : Comment transformer ce trait d’union en ensemble harmonieux ? Et retrouver le prestige qui était le sien autrefois ? Il faut, peut-être, déjà commencer par régler le problème de ce sol très poussiéreux sous le soleil, gorgé d’eau à la première averse ou troué de partout après la neige. Le musée du Louvre n’est peut-être pas le bon commanditaire pour ces problèmes-là. Refaire le jardin des Tuileries, c’est le grand rêve de Jean Nouvel. Il s’est souvent exprimé à ce sujet : Qu’un jour un architecte viendra pour remettre en valeur le jardin historique avec une vraie ambition artistique et surtout pouvoir ouvrir la façade Sud avec un accès à travers la Seine vers le musée d’Orsay. Un projet titanesque qui n’a toujours eu qu’un faible écho, probablement pour les mêmes raisons que celles présentées contre la reconstruction du palais.
Il me reste à remercier Monsieur Laverdure, “agent d’accueil et de surveillance” (ça ne s’invente pas) pour cette agréable promenade et ses connaissances culturelles et botaniques.
Cette visite gratuite est proposée tous les samedis et dimanches, ainsi que les jours fériés de 15h30 à 16h45 jusqu'à fin octobre. Rendez-vous devant l'Arc de triomphe du Carrousel du Louvre. Attention, la visite n'est assurée que si le temps le permet, autrement dit, il faudra s'en passer en cas de pluie mais, en ce 27 août, il a plu et la visite a eu lieu ! Bravo.
http://www.louvre.fr/llv/musee/jardins_tuileries.jsp?bmLocale=fr_FR