L’Église de Charonne et Le Château de Bagnolet
Il existe dans le vingtième arrondissement un endroit particulier, très ancien, qui a réussi l’exploit de subsister depuis le XIIIème siècle (avec seulement quatre piliers qui datent de cette époque), ce qui est particulièrement rare à Paris. C’est l’Église de Saint-Germain de Charonne.
Exploit, car située à un endroit argileux, plein de sources, ce qui nécessite une vigilance particulière en raison des risques d’effondrement. Elle est d’ailleurs en travaux actuellement pour consolider de nouveau la structure. Une autre de ses particularités est qu’elle a conservé son cimetière à l’allure champêtre, une des rares églises à Paris dans ce cas. Les cimetières ayant été renvoyés en dehors du mur des fermiers généraux, Charonne ne fut pas touché car la commune faisait partie des villages extérieurs annexés en 1860. Bien sûr, ce n’est pas le Père Lachaise mais y reposent quelques personnages célèbres et la tombe la plus visitée est celle où reposent Josette Clotis épouse (?) Malraux, avec ses deux fils, la fin tragique de la deuxième épouse de l’écrivain aventurier et de ses deux fils y est sûrement pour beaucoup.
Suivent celles de Robert Brasillach, de Maurice Bardèche, son beau-frère, et de l’acteur Pierre Blanchar. Sont aussi inhumés ici dans une fosse commune de nombreux fédérés de la commune de 1871 et Magloire. Bègue, dit Magloire, se faisait passer pour le secrétaire de Maximilien de Robespierre et dispose d’un carré surprenant, impressionnant avec sa statue. Une revanche par rapport à son maitre dont le corps a été recouvert de chaux vive en 1794 et n’a jamais été retrouvé. Ivrogne, il aurait été inhumé avec une bouteille.
"Il nous faut chanter à la gloire ; De Bègue François-Eloy ; Ami rare et sincère ; Fit mention dans son testament ; Qu’il fut enterré en chantant. Pour le fêter en bon vivant ; Il nous laissa chacun cinq francs ; En vrais disciples de Grégoire ; Versons du vin et puis trinquons ; Buvons ensemble à sa mémoire ; C’est en l’honneur de son trépas ; Qu’il a commandé ce repas"
Près de l’Église où se seraient rencontrés Sainte Geneviève de Paris et Saint Germain l’Auxerrois se trouvent les restes du Château de Bagnolet : l’Ermitage et le square Antoine Blondin. Si ce dernier, hommage à l’écrivain parisien, de création récente (1988) est clairement un square pour enfants, ce n’est pas le cas de l’Ermitage. Ancienne folie de la duchesse d’Orléans, femme du Régent, fille de Louis XIV et de Mme de Montespan, c’est dans ce pavillon qu’eut lieu la conspiration du baron de Batz pour sauver Louis XVI et Marie-Antoinette en 1793. Si, dans les allées transformées en jardin d’enfants, on peut reconnaître quelques restes de fabriques, l’intérêt se trouve surtout à l’intérieur du pavillon qui est relativement bien conservé avec justement une exposition sur les folies du XVIIIe. À voir, par exemple, lors des journées du patrimoine des 17-18 Septembre. http://www.pavillondelermitage.com
Je profite aussi de l’occasion pour signaler à ceux qui cherchent la tombe d’une personnalité célèbre, l’excellent site http://www.landrucimetieres.fr/spip/ , ça peut servir.
(?) Il n’est pas clair s’ils étaient vraiment mariés. Probablement pas.