Personnage bourru, toujours affublé de sa pipe et de son chapeau, il est entouré de personnages improbables mais qui semblent, au fond, très naturels. Une société qui, en grande partie, n’existe plus. Une ambiance à la fois inquiétante et souvent sordide de personnages perdus, petits délinquants, escrocs du trottoir, piliers de bars, vieilles filles de province, chanteurs ratés… portraits inquiétants mais toujours avec un fond d’humanité car, en dépit de son scepticisme, Maigret continuait de croire en l’homme.
L’enquête est mise en scène comme une comédie humaine et il trouve d’instinct le coupable car, avec le temps, il lit dans les cœurs et la victime et le coupable ne sont, au fond, pas très différents. Les rôles pourraient s’inverser et Maigret, compatissant, relâche souvent le coupable. Ce ne sont pas des Violette Nozière ou des Marcel Petiot. Ces destins, abimés à l’usage, commencent la journée par un petit blanc au bistrot, un peu paumés dans ce Paris qui n’est pas celui des lumières mais celui de la pénombre, des endroits curieux, rue Lhomond, rue Campagne-Première, rue Tholozé.
Ils mangent de la blanquette de veau, comme lui. Et finissent leurs journées dans les lieux de passage qui ressemblent à l’hôtel du Nord sur le canal Saint-Martin. Quelquefois, une enquête peut aussi se dérouler place des Vosges, Simenon habitait place des Vosges, ou chez Maigret, qui habite 132, boulevard Richard Lenoir Paris 11e, près du canal, au quatrième étage, l’étage qui n’existe pas. Comme les gens simples, les endroits simples, les mobiles de l’histoire sont souvent ordinaires, vols pour trois sous, vengeance sociale, revanche de destins froissés, de cœurs à la dérive, rêves et amours naïfs, des Marcel, des Angèle. S’il s’échappe de Paris, ça lui arrive, c’est par le train, il ne sait pas conduire. Et d’ailleurs, Maigret n’aime pas la vitesse, il prend son temps. Quelquefois cependant, la pression augmente… et fait monter des sandwichs et des demis de la brasserie Dauphine, derrière le palais de Justice.
Dans le canal Saint-Martin à Paris, au-dessus de l'écluse des Récollets, des mariniers repêchent, l'une après l'autre, les différentes parties du corps d'un homme. On s'attend à retrouver aussi la tête. Ce sera en vain. Maigret, qui a été appelé sur les lieux, se rend pour téléphoner, dans un bistrot du quai de Valmy où la patronne lui répond de façon évasive et sèche. Il retournera dans ce petit bar, dont le patron est absent : Omer Callas est parti depuis quelques jours pour s'approvisionner en vins aux environs de Poitiers, sans que sa femme sache où le joindre. Vieillie avant l'âge, s'adonnant à la boisson, elle dégage, dans son insaisissable indifférence, une personnalité qui intrigue le commissaire. Celui-ci remarque les allées et venues d'un jeune coursier, Antoine, qui couche à l'occasion avec Mme Callas. Il y a aussi un certain Dieudonné, employé modèle, vieil ami de la maison et amant en titre de la patronne. Maigret et le corps sans tête (1955)Paris n’a jamais consacré d’exposition en hommage à Maigret et il ne figure même pas au musée Grévin. Pourtant, ce serait un juste retour des choses, il aurait aussi sa place à l’excellent musée de la police judiciaire: 4, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, par exemple.
La Vendée a pris les devants puisqu’elle consacre une exposition à Simenon du 1er octobre 2011 au 26 février 2012 à Les‐Lucs‐sur‐Boulogne : http://bit.ly/pfg1Wo
Vous trouverez ici de nombreuses informations sur l’histoire du commissaire et de son créateur:
http://www.toutsimenon.com/oeuvre/tout-maigret.html