Les épées du “MUMA”, MUsée du Moyen-Âge, j’aime l’appeler ainsi depuis qu’il pratique le Branding, sont présentées sous un éclairage moderne. Trinité objective, mythique et symbolique de pièces impressionnantes.
Objet : lame, garde, fusée, pommeau, c’est 1.5 kg d’équilibre à essayer à travers une vitre en verre. Pas si lourde que ça, Hauteclaire, Arondie, Ascalon, mais souple et alerte, Courtoise, Sauvagine. Surtout dangereuse Chrysaor, taille acérée, estoc pointu, Damoclès. Mais surtout droite, faite pour briser les os. À l'opposé des sabres ou cimeterres, faits pour couper, symbole ? Équilibrée, en forme de croix latine, de là son ambigüité, son ambivalence, On en reparlera.
Individualiste, elle peint celui qui la porte, porte un nom et l’adoube. Vous pourrez voir les plus célèbres, Durandal de Roland, ou dite-de, de Jeanne d’Arc, ou dite-de, qui fut aussi celle de Charles Martel, déterrée, dit-on, à Fierboix , de Philippe le Beau… Seulement cinq sont attestées royales, dont Joyeuse, de Charlemagne, qui fut portée lors du sacre depuis Philippe Auguste et d’autres, dont Louis XIV et ce, jusqu’à Charles X. Arme de défense, on ne prend pas une forteresse avec une épée, elle devient symbole. Depuis le roman de la Rose, elle est au service de la justice, compagne du chevalier, depuis la geste d’Arthur, Excalibur est mythique. L’épée magique du fond du lac, nul ne peut s’en saisir. L’épée du Cid est là aussi .
À Cluny, les Bourguignons sont venus en nombre, Jean-sans-Peur, Charles le Téméraire : épée en pal (sur l’épaule). Comment faire sans eux ? Qui vit par l’épée meurt par l’épée. Au moment de l’arrestation du Christ, quand les soldats vinrent l’arrêter, Pierre sortit son épée. Près de lui, l’homme à l’oreille coupée. Car son ambivalence est dans l’Église depuis les origines. Saint-Pierre, mais aussi Saint-Paul, militaire, qui finira décapité à l’épée. Saint-Martin, militaire aussi, qui coupera son manteau en deux avec, devinez quoi ? Épée de Saint-Maurice, de Saint-Georges, si Pierre a les clés du paradis, il a bel et bien l’épée sur le côté.
J’ai été surpris de ne pas voir le blason de l’ordre de Cluny : de gueules, à deux clefs d'or en sautoir, traversées d'une épée en pal, à lame d'argent, la poignée d'or en pointe. Le comble en ce lieu. Alors, on peut prendre un peu de temps pour s’attarder sur celle de Childéric, le père de Clovis (~500) ou celle de la bataille de Castillon (1453). Le souvenir de ces deux découvertes mérite à lui seul le détour. De très bonnes idées donc, beaucoup de travail et géographie concentrée, qui permet de revenir sur ses pas, ludique même.
Agile, le MUMA, comme l’épée qui brise nos idées reçues. Occimaure ?
Musée de Cluny - Musée national du Moyen Âge - 6 place Paul Painlevé - 75005 Paris – du 28 Avril au 26 Septembre - http://bit.ly/mCflIt