La mairie de Paris nous propose une exposition gratuite montée en coopération avec le musée d’Orsay sur le Paris de la fin du XIXe siècle.
Paris bouleversé à la suite des travaux d’Haussmann comme en témoigne une première partie, sur la mezzanine, consacrée aux innovations architecturales et au nouveau style des immeubles de rapport. Mais l’ambition va bien au-delà puisque la scénographie prétend couvrir une large période qui va de 1850 à 1914. C’est ambitieux, en une soixantaine d’œuvres seulement. On peut craindre le pire, pourtant cela se passe plutôt bien, si on en juge par son succès, en raison d’une répartition intelligente et de thématiques pertinentes.
Il faut noter également le parfait éclairage et les commentaires précieux associés aux tableaux.
Autant la première partie est plutôt banale, à l’exception de très belles maquettes, les contrastes de l’époque sont bien mis en relief dans la nef à travers les évocations du Paris bourgeois et mondain (Boldoni, Blanche, Renoir, Béraud) en opposition avec le Paris canaille (Toulouse-Lautrec, Degas, Vallotton, Van Gogh).Mondes qui se croisent sans se voir comme Baudelaire dans son “spleen de Paris”. Le principal étant une belle sélection de toiles des témoins du Paris bouleversé (Jongkind, Monet, De Nittis, Luce, Manet, Pissaro, Vuillard), du Paris qui n’est pas académique (Fantin-Latour) ou du Paris tragique (Stevens, Steinlein).
Symbolique : Une série de photo passe en boucle dans la nef avec les témoins de l’époque : incroyable bouleversement pour la peinture qui perd ainsi une partie de son âme, plus rien ne sera comme avant. Elle se cherche un nouveau réalisme: les lieux de spectacles, les salons de la bourgeoisie radicale sont des sujets autant que les drames de la Commune sanglante ou la tragédie de la prostitution. La photo, les chantiers haussmanniens, l'arrivée du chemin de fer, le nouveau Paris propre et éclairé : la Technique devient omniprésente, donc sujet.
La politique vit aussi des spasmes douloureux : révolutions, agitations, ruptures, arrivée de la république aussi, en 1871, et pour longtemps.
De là vient la frénésie de plaisir : tous se rejoignent ainsi dans les brasseries, cirques, courses, théâtres. Les cafés-concerts : 326 répertoriés où grouillent les cocotes , les faux-semblants et les demi-mondanités : les Ambassadeurs, le Chat Noir, le Moulin Rouge. “Paris est la guinguette de l’Europe”.
Ce “Paris au temps des impressionnistes” n’est pas le coucher de soleil sur la seine, effet d’hiver ou le dimanche sur l’ile de la Jatte, c’est surtout une ville prise dans les turbulences et les contradictions du progrès.
Le fait de rapprocher des périodes comme l’exposition de 1900, où on prend le métro, les douleurs de l’”année terrible” 1870, ou la polka qu’on danse au bal Mabille vers 1850, périodes qui n’ont pas grand-chose en commun, accentue cette vérité et ses variations, ce qui donne une idée assez juste, au final, de l’esprit de l’époque. De l’impressionnisme, en somme.
Du 12 avril au 30 juillet 2011 à l'Hôtel de Ville de Paris
Entrée salle Saint-Jean, 5 rue Lobau 75004
Ouvert tous les jours de 10h à 19h sauf dimanche et fêtes (dernière entrée à 18h15)
Entrée gratuite
Paris au temps des impressionnistes par mairiedeparis