Louis XV se marie à 15 ans avec Marie Leszczinska qui lui donnera 10 enfants dont 8 filles à la destinée très originale.
A la différence de leur mère, froide et distante, leur père se montrait affectueux et attachant. Il aimait leur donner des surnoms lorsqu’elles montaient le voir le matin. Elles vivaient à Versailles et leur nombre les rendaient incontournables à la cour. Elles ne savaient manifestement pas à quoi occuper leur temps et constituaient un parti “dévot” avec le Dauphin ( père de Louis XVI) ; elles surveillaient de près les agissements des maitresses “éclairées” de leur père, particulièrement de la marquise de Pompadour.
Une seule se mariera : l’ainée Elisabeth.
La reine met d’abord au monde deux jumelles, Elisabeth (Babette) et Henriette qui resteront très liées toute leur vie.
Louise-Marie, Madame troisième, mourra à 4 ans et demi d’un rhume mal soigné par les saignées d’un charlatan. Suivent Adélaïde (Torche), Victoire (Coche) , Sophie (Graille) , Félicité et Louise (Chiffe). En 1738, Le cardinal Fleury trouve que les petites princesses coutent trop cher à la cour : Les trois ainées restent à Versailles (Adélaïde est sauvée in-extrémis car elle sut attendrir le roi) alors que 4 prennent le chemin de l’abbaye de Fontevrault.
Elisabeth épousera l’infant d’Espagne Don Philippe (son oncle) et quittera Versailles en 1739, les adieux avec sa sœur jumelle, dont elle était inséparable, seront déchirants car elles pensaient ne plus se revoir.
Henriette avait toutes les qualités du monde et était la fille préférée de Louis XV, elle s’entendait relativement bien avec Mme de Pompadour (dont le roi n’aura jamais d’enfants) mais l’appelait “maman putain” en privé. Elle s’éteindra de la variole en 1752.
Félicité partit à Fontevrault à 2 ans et y mourut à 8 ans sans avoir revu ses parents.
Les jeunes princesses revinrent à la cour en 1748. Victoire était la plus belle, Adelaïde la plus autoritaire. . Adélaïde et Victoire se rendaient fréquemment au château de La Bove dans l'Aisne. Le château appartenait à Françoise de Châlus, ancienne dame d'honneur d'Adélaïde. La légende affirme que pour faciliter le voyage on fit empierrer le chemin qui prit le nom charmant de Chemin des Dames. C’est à cet endroit qu’aura lieu un des affrontements les plus dramatiques de la première guerre mondiale. En 1759 , elles ont Caron de Beaumarchais comme professeur de Harpe.
Sophie était la moins connue, très timide et effacée, elle était dominée par Adélaïde. Réputée laide, sans esprit, toujours dans sa bergère capitonnée et terrorisée par les orages, son portrait guère flatteur sera cependant nuancé par des témoignages contradictoires de sa lectrice, Madame Campan.
Elle restera toujours un fidèle soutien de ses sœurs dans les conflits avec les favorites Pompadour et Du Barry. A l’avènement de Louis XVI, Adélaïde caressa un temps le rêve de jouer un rôle politique et de restaurer une certaine rigueur morale à la cour ; espoir déçu par le roi qui l’écarta bien vite. Adélaïde, Sophie et Victoire se retireront au Château de Bellevue jusqu’à la révolution. elles resteront les seules survivantes de la famille à la révolution (Sophie mourut peu avant) et prendront le chemin de l’exil vers l’Italie (aidées par Mirabeau) puis vers Trieste lors de l’arrivée de Bonaparte. Elles eurent de peu la vie sauve.
Louise fut la dernière des filles de Louis et de Marie Leszczinska. Très marquée par son séjour à Fontevrault, elle était très orgueilleuse et fuyait le monde. Son père voulut la marier, elle répondit : "N'ai-je pas sujet d'être bien inquiète puisqu'on me destine un époux, moi qui n'en veux d'autre que Jésus-Christ ?" . Elle prononça ses vœux dans un des carmels les plus rudes de France où elle s’épanouit jusqu’à sa mort en 1787. ses derniers mots furent : "Au paradis ! Vite ! Au grand galop !"
Portraits : http://bit.ly/gLx27p