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  • Pierre-Jean Béranger (1780-1857) et le parisien de 1840

    Statue de Branger dans le square du Temple, par Henri Lagriffoul
    Le parisien de 1840 a chassé la monarchie et s’est donné un roi “bourgeois” : Louis-Philippe, roi des français, appelé aussi roi des épiciers et roi des maçons. Il a huit enfants , qui fréquentent le lycée Henri IV pour faire “moderne”, sort avec un parapluie et découpe lui-même le rôti. Il puise les ressources chez son banquier préféré : James de Rothschild et confie à Guizot les  rennes du pays, de l’éducation des jeunes français et des affaires : enrichissez-vous : chemin de fer, sucreries, filatures, bitumes de Mac-Adam : tout s’agite , c’est la fièvre. Nîmois et  protestant, « Faites des épargnes plutôt que des enfants » est aussi fréquemment claironné.

    Le maintien de l’ordre est assuré par la garde nationale. tout imposable ou fils d’imposable y est d’office incorporé de 20 à 60 ans.
    Balzac se réfugie à Passy en 1840, dans la maison que l’on peut encore visiter aujourd’hui. Comme les autres, Il a joué aux affaires, il est ruiné et criblé de dettes. De là, il regarde la comédie humaine et sort la nuit par la porte de derrière, officiellement c’est chez “Mme de Breugnol”, on n’entre chez lui qu’en donnant un mot de passe “la saison des prunes est arrivée” ou “J’apporte des dentelles de Belgique”. Il a la  garde nationale et les huissiers aux trousses. Tant de travail , 6 000 personnages, tant de chefs-d’œuvre pour vivre comme une ombre. Rastignac , lui aussi voulait devenir le roi de Paris.
    Mais chacun sait que le vrai roi de Paris, c’est l’épicier : il est monté sur les barricades en 1830,   il lit Voltaire et Rousseau, admire la légion d’honneur, pleure aux mélodrames du boulevard du crime, met son argent dans les caisses d’épargne (crées par Guizot) , vote à gauche et critique les perturbateurs de l’ordre public. Il écoute et chante Béranger.
    Chanteur de rues, poète, musicien, pamphlétaire , c’est la voix du peuple : bonapartiste, populaire. A entendre parler une foule de gens, qui prenaient ses gaités à la lettre, Béranger était un ivrogne, un débauché, coureur de mauvais lieux. Mais Béranger n'a fréquenté ni les barrières, ni les cabarets, ni même les goguettes. L'ami des Manuel, des Benjamin Constant, des Dupont (de l'Eure), des Laffitte, des Chateaubriand, se serait trouvé mal à l'aise au milieu de braves gens qui n'ont d'autre prétention que celle de chanter pour chanter. Ecoutons George Sand :
    Partition de P-J Branger : Le vieux drapeau
    “Il y avait chez Béranger, comme dans la plupart des grandes individualités, deux hommes l’un dans l’autre, mais souvent en lutte et en contradiction l’un avec l’autre. Il y avait le poète attendri ne se moquant que du mal, le cri vengeur du patriote, de l’historien et puis il y avait l’homme du dehors, l’homme du monde, car il était très homme du monde en dépit de sa vie retirée….Cet homme là était éblouissant d’esprit… et il refusait tout, les honneurs, l’académie, la députation, afin de ne pas perdre la tête, et de garder intacte sa figure de bonhomme honnête, modeste et populaire”
    Sources : wikipedia , gallica
                    
    Devienne-Béranger , Les Cinq Etages . interprétation : Germaine Montero