Les costumes de la garde impériale russe ont toujours eu grand succès à Paris. Ils firent un tel effet sur Napoléon qu’il créa sur ce modèle ses propres corps d’élite et donna naissance à la fameuse “garde impériale” qui reste encore comme un modèle d’efficacité et de dévouement.
Le 31 mars 1814, après la déroute , le tsar Alexandre Ier et sa garde paradaient sur les Grands Boulevards. Pour mieux voir la revue des troupes, la belle comtesse E.de Périgord, plus tard duchesse de Duino, monte en croupe derrière un cosaque.On croisait sous les arcades du Palais-Royal beaucoup de parisiennes peu farouches fières d’exhiber un hussard à leur bras. En fait, La plupart des officiers ont été élevés par des gouverneurs français, parlent particulièrement bien notre langue et adorent Paris. Le régiment Preobrajensky bivouaque devant le palais des Tuileries. “Cela ressemble tant à une fête que c’est dommage que ce soit une conquête” dit Mme de Coigny. Dumas se fera photographier en cosaque.
Les régiments ont forgé leur légende à Poltavat (1709), face au roi de Suède Charles XII , considéré alors comme invincible, et permirent Pierre Ier ce jour là de sauver son pays alors que l’armée de ligne s’était enfuie. Mais c’est surtout pendant les guerres Napoléoniennes qu’ils se couvrirent de gloire : Seminovsky (Austerlitz 1805) , Pavlovsky (Friedland 1807) , Moskovsky (Leipzig 1813) , Preobrajensky (Kulm 1813)
les étendards de ces régiments sont dans le grand couloir (levez les yeux !)
L’affaire se joue Le 7 septembre 1812, à Borodino. On nous montre le Tableau de Von Hess, et on pense forcément à Tolstoï, à Pierre Bézhoukov, à André Volkonsky ,à Anatole Kouraguine . Le régiment de la Garde Finlandsky reçut l'ordre de prendre position à Semionovskoï sur l'aile gauche de l'Armée impériale.
Sous une pluie de mitrailles et de boulets, les fantassins se dirigèrent vers le ravin où il furent attaqués par la cavalerie française. Puis, à la baïonnette, les grenadiers et les chasseurs du régiment combattirent les Westphaliens. Bagration y laissera la vie. Le régiment s'illustra un nouvelle fois par sa bravoure en Novembre, près du village de Krasnoïe. Les chasseurs vainquirent les troupes françaises, capturèrent un grand nombre de prisonniers et, symboliquement, du bâton de maréchal de Louis Nicolas Davout.
On voit, sur le Tableau de Koustodiev , Nicolas II présenter son fils à ce régiment en 1906 dans cette ville de Krasnoïe Selo. C’était aussi sa résidence préférée.
Sont présentées des pièces exceptionnelles comme la vareuse d’été du tsarevitch Alexis ainsi que la robe de velours aux couleurs d’airelles, satin, broderies et dentelles de Maria Fedorovna (Epouse d’ Alexandre III).
Catherine II était particulièrement friande des officiers de la garde, elle aimait aussi en revêtir l’uniforme. On peut voir une de ses robes, verte aux couleurs du régiment Izmailovsky ainsi que la tenue masculine du régiment Semenovsky qu’elle portait lors du coup d’état de 1762.
En 1917 , après la lutte contre les révolutionnaires, les souvenirs de cette époque se sont enfuis avec leurs possesseurs dans toute l’Europe, particulièrement en France, ou subsiste encore une communauté russe qui a permis la constitution de cette exposition à l’aide de pièces (drapeaux, souvenirs, uniformes, armes, archives, vaisselles ) provenant du musée de l’Ermitage et des musées français (musée des cosaques à Courbevoie, Invalides). On ne pouvait mieux terminer cette année de l’amitié franco-russe. C’est la mémoire de l’émigration russe qui va retourner en Russie maintenant que la parenthèse est fermée et rendez-vous en Avril (?) lorsque la fameuse exposition de Bonn consacrée à Napoléon prendra la route de Paris.
Le site de l’exposition (jusqu’au 23 Janvier 2011)