Né rue de Verdun à Carcassonne en 1750, Philippe-François Fabre est fils d’un avocat de Toulouse. Il se voit décerner par l'académie toulousaine des Jeux floraux un prix symbolisé par un lys d'argent, et non l'églantine d'or, pour son “sonnet à la vierge” ce qui ne l'empêcha pas d'ajouter d'Eglantine à son nom en se faisant passer pour noble par la même occasion.
Il part sur les routes avec une troupe de comédiens. Il en est chassé pour avoir tenté de s’enfuir avec une jeune fille de quinze ans, fille de comédiens de la troupe.
Il épouse une actrice et présente sa première pièce en 1780 : “Laure et Pétrarque” d’où sortira “il pleut, il pleut Bergère”. Il se retrouve à Paris en 1787 où il écrit plusieurs pièces, souvent médiocres, d’inspiration Rousseau-iste, dont beaucoup sont largement sifflées. Il habite près du club des cordeliers et se lie avec Georges Danton et Jean-Paul Marat au club des jacobins, mais continue de publier ses pièces dont certaines ont du succès. Ils s’endette beaucoup et frôle la prison. Toujours en quête d’argent pour survivre, il a la chance d’être nommé secrétaire à la Justice par Danton, l’homme “héroïque” du 10 Aout 1792. Il est dans la même équipe, avec les journalistes C.Desmoulins et PFJ.Robert.
Elu conventionnel, il puise dans le trésor, trafique sur les fournitures de chaussures aux armées, spécule pour liquider la compagnie des Indes qu’il revend avec un large bénéfice. Mais la France est envahie par la coalition et Verdun capitule le 2 Septembre : Danton réclame une “convulsion nationale”. Fabre et Marat appellent au massacre des “traitres” : Ce sont les massacres de Septembre : Une horde de 150 égorgeurs massacrent 3 prélats, 115 prêtres, les femmes prisonnières à la Salpêtrière et les enfants de Bicêtre : 1300 meurtres entre le 2 et le 4 Septembre, dont la princesse de Lamballe, amie de la reine. “Les dieux avaient soif” dira Anatole France.
Qualifié en tant que poète, Fabre demande à la convention d’abolir le vieux calendrier grégorien et réussit à en établir un nouveau “Brumaire, Frimaire, Vendémiaire, Prairial, Ventôse etc.…….”. Les prénoms des enfants deviennent “Poule, Arbre, Cerise, Tourbe, Chien, Radis, Sarcloir etc.…” . Fabre d’Églantine a, selon Robespierre, « l’art de donner aux autres ses propres idées et ses propres sentiments à leur insu » Il sera exclu des Jacobins et accusé de faux en écriture et de concussion par l’incorruptible, jugé en conséquence et condamné à faire la bascule.
Il se présente le 17 germinal an II (le 5 avril 1794) devant le “rasoir National” , place de la concorde, avec son ami Georges. Le couple Camille et Lucile Desmoulins, Chaumette et la veuve Hébert les suivront de peu. Malade ce jour là, il maudit le comité de salut public, le “vil tartuffe” Robespierre et se lamente sur une pièce de théâtre dont il a perdu le texte. Danton, qui passera après lui sous la guillotine lui répondra : “Ne t’inquiètes donc pas, des vers, tu en auras bientôt fait des milliers”.
Au pied de la guillotine, selon Sanson, « Fabre disait, se parlant à lui-même : sachons mourir. Mais son émotion était grande, et il avait de la peine à la dompter »
“Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons,
Allons sous ma chaumière,
Bergère vite, allons.
J'entends sur le feuillage,
L'eau qui tombe à grand bruit,
Voici, voici l'orage,
Voilà l'éclair qui luit.
Entends tu le tonnerre ?
Il roule en approchant
Prends un abri, bergère,
A ma droite en marchant.
Je vois notre cabane…..”
Presse tes blancs moutons,
Allons sous ma chaumière,
Bergère vite, allons.
J'entends sur le feuillage,
L'eau qui tombe à grand bruit,
Voici, voici l'orage,
Voilà l'éclair qui luit.
Entends tu le tonnerre ?
Il roule en approchant
Prends un abri, bergère,
A ma droite en marchant.
Je vois notre cabane…..”