Le Vin au Moyen Âge à la Tour Jean sans Peur
Pour sa huitième exposition, la Tour Jean sans Peur nous présente aujourd’hui, fidèle à ses habitudes, une exposition sérieuse et parfaitement bien documentée sur une thématique importante au moyen âge : le vin et son rôle majeur dans la société. C’est la période de la plus grande extension jamais atteinte par la vigne…
L’exposition débute par l’évocation de son rôle dans la religion chrétienne. De nombreux épisodes bibliques mettent le vin en scène : Noé qui plante une vigne en descendant de l’arche, mais surtout Jésus-Christ dont le premier miracle au noces de Cana est de transformer l’eau en vin et le dernier : la sainte eucharistie, quand, la nuit même où il fut livré, il transforma le vin en sainte-alliance pour le pardon des péchés. L’essor de la vigne est avant tout provoqué par le besoin de vin de messe, mais aussi, plus simplement, car cette boisson est plus saine que l’eau, très souvent polluée. Une légende associe volontiers Saint-Martin à l’invention de la viticulture en Occident. Ce vin est majoritairement blanc et vient des régions septentrionales, le vin rouge étant réservé à la célébration dominicale.
Vient ensuite la description de sa fabrication et son usage dans la vie courante, que ce soit dans la cuisine ou en tant que médicament. Sa conservation requiert des tonneaux de 400 à 800 litres dans de larges caves ou celliers, mais il vieillit généralement mal et doit être consommé dans l’année. A
u XIIIe siècle, la production de vin rouge devient majoritaire. Les plus fameux viennent d’Avignon, de Bordeaux ou de Bourgogne, la ville de Beaune étant consacrée reine des vins. Il intervient dans 60 % des recettes : soupes (pain trempé dans du vin), entremets, viandes, poissons, venaisons, abats ou dans le vinaigre et la moutarde. Le ménagier de Paris est une source d’information importante à ce sujet. Il est également conseillé aux personnes âgées : “le vin est le lait des vieillards” et certains médecins suggèrent de s’enivrer au moins une à deux fois par mois pour combattre les infections et les fortes douleurs. Étant associé au sang, il est recommandé après les saignées, les accouchements ou encore pour les blessés.
À cette époque, il existe environ 700 tavernes à Paris (On trouve aussi 4000 dans certains documents, mais ce nombre semble exagéré compte tenu de la taille de la population), le prix du vin est fixe et sa qualité contrôlée. Des crieurs attirent le passant devant l’auberge. La dose quotidienne est de deux à trois litres par jour d’un vin à 8 degrés au plus. La règle de Saint-Benoît limite à 1/2 litre la quantité quotidienne de vin au XIe siècle, mais passe à 3 litres au XIVe ! Certains rois comme Louis XI, Charles VI ou Philippe Auguste ont une réputation de gros buveurs.
L’ivresse est en général mal vue, mais ne viole cependant aucun des Dix Commandements et constitue même une circonstance atténuante pour certains actes. Pour l’ivrogne, “qui s’ébat comme un pourceau entravé ou s’étale comme merde dans la rue”, il est conseillé de le soigner avec des excréments d’hirondelles, mélangés avec de la graisse de vautours (!) Ce n’est qu’au XVe siècle que l’alcoolisme est reconnue comme une maladie, accusée d’entraîner le delirium tremens, l’hémiplégie, puis la mort…
11 avril – 11 novembre 2012 du mercredi au dimanche 13h30 – 18h Tour Jean sans peur 20 rue Etienne Marcel - 75002 Paris http://www.tourjeansanspeur.com/